Art moderne

Collection privée

Passion raisonnée

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 12 février 2014 - 437 mots

Le Musée de Lodève expose les œuvres d’une collection turque méconnue, l’occasion de découvrir le regard d’un amateur sur l’art moderne.

LODEVE -  La nouvelle exposition du Musée de Lodève est née de la rencontre entre Yvonne Papin, sa directrice, et Lucien Arkas, armateur turc à la tête d’une collection qui compte aujourd’hui 1 300 pièces. Le musée accueille les chefs-d’œuvre de cette collection encore méconnue en Europe, en présentant une soixantaine de peintures, de Félix Ziem à Georges Braque, en passant par Henri Martin et Félix Vallotton.

Le parcours, construit autour de quatre grandes thématiques – « Portraits », « Intimités », « Paysages » et « Peindre la vie » –, révèle l’œil et le goût du collectionneur, ainsi que son regard porté sur le postimpressionnisme au tournant du XXe siècle. Les « Portraits » ouvrent la séquence, dans une section où les grands noms côtoient des artistes moins connus : le charme sauvage de la Femme aux bijoux (1929), livrant encore les accents fauves de Van Dongen, vient en contrepoint des tonalités suaves de Madame Thurneyssen, peinte par Renoir en 1908. En vis-à-vis, le Portrait de Mary Louise McBride (1929), œuvre du peintre belge Louis Busseret, étonne et impressionne dans sa structure néoclassique et sa gamme chromatique. Grâce aux choix de la commissaire de l’exposition, ces associations de toiles font sens.

Pièces d’exception
La collection Arkas comporte des pièces d’exception, comme Canal à Venise (1909-1910) d’Henri Martin. Les touches de couleurs du peintre participent de l’effet ondulatoire de l’œuvre où les reflets vibrants de l’eau sont rendus de manière troublante. La Femme à l’ombrelle (1891) de Louis Anquetin, une des pièces maîtresses du parcours, suspend le temps autour d’un regard caché. Si la passion pour les petites scènes orientalistes peut paraître anecdotique, la section sur les « Intimités » présente un étrange nu allongé de Kisling et une représentation sans concession de Suzanne Valadon par Edmond Heuzé.

Au chapitre des « Paysages » se dessine une chronologie du genre, de Corot à Camoin. Les peintres de Pont-Aven sont très bien servis, tel Maxime Maufra, qui surprend par les tonalités chaudes du Port Kerné, Quiberon (1908).

L’exposition bénéficie du travail des historiens et spécialistes qui ont collaboré au catalogue et rédigé les notices des œuvres et des artistes. Entre les lignes, on comprend que le goût de Lucien Arkas pour la peinture est tout autant une affaire d’esprit que de passion : en l’espace de seulement quinze ans, il a réuni une collection remarquable et aujourd’hui remarquée.

Collection Arkas

Commissariat : Yvonne Papin-Drastik, conservatrice et directrice du Musée de Lodève

Nombre d’œuvres : environ 60

Bonnard, Renoir, Vuillard… Chefs-d’œuvre de la collection Arkas

Jusqu’au 30 mars, Musée de Lodève, square Georges-Auric, 34700 Lodève, tél. 04 67 88 86 10, www.museedelodeve.fr, tlj sauf lundi, 10h-18h. Catalogue, 190 p., 32 €.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°407 du 14 février 2014, avec le titre suivant : Passion raisonnée

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