Passages de la modernité

L'ŒIL

Le 1 octobre 2004 - 364 mots

En raison de sa fermeture pour rénovation, le Magasin mène une existence nomade (cf. L’Œil n° 560). Après le Mamco de Genève cet été, c’est désormais au tour de l’ancien musée de peinture de Grenoble d’accueillir une exposition d’un des centres d’art les plus dynamiques de France. Dans «18/20 : la fin du XVIIIe siècle et aujourd’hui », où sont confrontées des œuvres des deux époques, il s’agit de questionner une modernité transhistorique. Proposition intéressante quand on ne cesse de sonder ses origines : débute-t-elle de manière concomitante aux revendications politiques des Lumières ou au milieu du xixe siècle, tel qu’on le considère généralement ? Si une vision postbaudelairienne veut que le dénominateur commun des différents récits modernistes soit à la fois thématique (montrer la vie de son époque) et sémiotique (organiser un système de symbolisation en rupture avec le classicisme), l’art dix-huitièmiste tardif peut être vu comme déjà empreint de ces deux aspects. Nul hasard d’ailleurs à ce que la critique d’art apparaisse à la même période, dans un contexte de globalisation des signes, avec Lafont de Saint-Yenne autour de 1750 et a fortiori, à peine quelques années plus tard, avec ces archéo-modernistes que sont Diderot et les romantiques allemands. À Grenoble, c’est un principe de juxtaposition thématique qui a été choisi :  les notions d’intimité et d’individualité sont ainsi mises en exergue par des portraits du XVIIIe siècle et par une toile de Jouy pastorale sur laquelle est présentée une peinture de Charles-Amédée-Philippe Van Loo, en regard de photographies de Nan Goldin, de Thomas Ruff et de Rineke Dijkstra. De la même manière se retrouvent dans l’exposition les idées d’universalité, d’exotisme et d’un passage du temps qui nous mène des peintures de ruines de Jean-Baptiste Féret à On Kawara. Ne reste plus qu’à rêver que cette proposition dépasse un jour le stade de la « maquette » et devienne une exposition plus vaste qui permettrait de mieux saisir en quoi la postmodernité n’est pas encore si éloignée que cela des balbutiements modernistes.

« 18/20 : la fin du XVIIIe et aujourd’hui», exposition « maquette », GRENOBLE (38), ancien musée de peinture, place de Verdun, tél. 04 76 21 95 84, 5 septembre-29 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°562 du 1 octobre 2004, avec le titre suivant : Passages de la modernité

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