Odorico and Co

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 20 mai 2009 - 394 mots

La piscine Saint-Georges à Rennes, l’hôtel d’Anjou à Angers, les bains-douches à Laval, la pâtisserie Gilbert à Saint-Brieuc…

Si vous avez parcouru la Bretagne et ses environs, peut-être avez-vous remarqué quelques superbes mosaïques réalisées par la famille Odorico. Originaire du village de Sequals, le berceau de la mosaïque moderne en Italie du Nord, la première génération de la famille Odorico vint s’installer à Rennes en 1882. En 35 ans, leur entreprise, spécialisée dans la fabrication et la pose de mosaïques, se développa dans une région n’ayant aucune tradition de mosaïque.
Lorsque le fils, Isidore, reprend l’affaire familiale après la Grande Guerre, il donne un nouveau dynamisme à l’entreprise en lui insufflant un élan artistique. Formé à la peinture et au dessin d’art, en phase avec les goûts de l’époque, il développe le style Art déco en mosaïque. Grâce à lui apparaîtront des entrelacs de fleurs et de formes géométriques, des volutes multicolores, des lignes aux reflets or et argent, des dégradés flamboyants et de nouvelles gammes de couleurs. L’entreprise entre alors dans une nouvelle phase commerciale, et, pour faire face aux commandes qui affluent de la France entière, passe de dix ouvriers à une centaine et ouvre trois succursales en Bretagne.
Divisée en trois parties, l’exposition retrace la saga familiale des Odorico ainsi que leurs apports à l’architecture et aux arts décoratifs. C’est d’abord l’histoire des hommes de la famille qui est évoquée, à travers des photographies d’époque, des interviews filmées des ouvriers et des dessins. On traverse ensuite des cloisons rétro éclairées représentant des mosaïques pour découvrir les techniques de réalisation grâce à la reconstitution d’un atelier de mosaïque des années 1950 et la présence, sur place, d’un mosaïste contemporain. Enfin, dans la dernière partie, dédiée aux réalisations de l’entreprise, sont présentés de nombreux dessins de projets, dont le magnifique projet de sol pour le magasin Bouchara à Nantes (1925-1930).
Cependant, aussi jolies que puissent être les reproductions dans l’exposition, rien ne vaut la visite d’un site décoré par la famille Odorico. Si vous avez un peu de temps, faites une halte à « La maison bleue » (1927) à Angers. Recouverte du sol au plafond de mosaïques, l’habitation est le plus bel exemple du talent de la famille Odorico.

« Odorico, mosaïstes Art déco », musée de Bretagne – Les Champs Libres, 10, cours des Alliés, Rennes (35), www.leschampslibres.fr, jusqu’au 3 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°614 du 1 juin 2009, avec le titre suivant : Odorico and Co

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