Design

Neotu à contre-courant

Une exposition de deux jeunes créateurs français

Le Journal des Arts

Le 1 février 1995 - 427 mots

La galerie Neotu, qui édite les valeurs sûres du design français, projette sur le devant de la scène, à la veille de ses dix ans, deux jeunes designers, Xavier Moulin et Olivier Peyricot, représentants d’un \"fonctionnalisme à la française\".

PARIS - "Mon intérêt pour le mobilier n’est pas d’ordre esthétique ou de style, précise Pierre Staudenmeyer, directeur et co-fondateur de la galerie Neotu. C’est davantage la nature du projet des créateurs qui me conduit à les produire qu’un style à proprement parler".

La galerie, qui s’est fait une spécialité des meubles dits "baroques", de Garouste & Bonetti à Eric Schmitt, a édité néanmoins les créateurs les plus divers, depuis les fonctionnalistes anglo-saxons jusqu’au minimaliste François Bauchet. Elle présente actuellement – comme chaque année à cette période – une exposition manifeste, "qui montre une direction qui n’est pas celle de notre cahier habituel de tendances", souligne Pierre Staudenmayer.

"Ces trois dernières années, j’ai reçu de un à quatre projets par jour. Dans le pire des cas, c’était de la stricte imitation ; dans le meilleur, du suivisme avec une touche d’expression personnelle ou un léger décalage... Mais aucun projet différent de ceux des créateurs avec lesquels je travaillais déjà."

Deux jeunes diplômés de l’ESDI (École supérieure de design industriel) de Paris, Xavier Moulin et Olivier Peyricot, soutenus par une bourse d’étude et de recherche du ministère de la Culture, relèvent aujourd’hui ce défi de l’innovation. "Leur approche m’a immédiatement enthousiasmé, malgré la faiblesse des dessins", confie le directeur de la galerie. "Elle m’a permis de répondre à la question : qu’est-ce que le fonctionnalisme à la française ? Autrement dit, l’ingéniosité, le bricolage (au sens d’intuition d’une solution), et la pensée.

" Les meubles présentés : chaises empilables, "divan" modulable en causeuse, fauteuil-bibliothèque ou "cave" (une estrade faisant simultanément office de rangement), conçus dans des matériaux inédits (toile de sac à dos et roulette de "skate board"), permettent de jouer à volonté avec les éléments, d’élaborer sa propre "stratégie individuelle", selon les termes de Moulin et Peyricot, autrement dit de ne plus être passif par rapport aux objets, et de construire son propre espace de vie. Un meuble-manifeste, intitulé "Ecce homo", résume bien cette démarche. Orné de la photo du propriétaire, il marque à la manière d’un totem le territoire de l’acquéreur, lequel ose soumettre au regard des autres une conception très personnelle de son mode de vie.

Xavier Moulin, Olivier Peyricot, jusqu’au 12 février. Ensuite, Olivier Gagnère, du 21 mars au 22 avril. Galerie Neotu, 25 rue du Renard, 75004 Paris. Tél. (1) 42 78 96 97.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°11 du 1 février 1995, avec le titre suivant : Neotu à contre-courant

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque