Archéologie

Mission Sahara

Le désert algérien au jardin des Plantes

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 16 mai 2003 - 580 mots

PARIS

Plus grand désert du monde, couvrant 80 % du territoire algérien, le Sahara fait l’objet d’une vaste exposition au Muséum d’histoire naturelle, à Paris, à l’occasion de “Djazaïr, une année de l’Algérie en France ?. Animaux naturalisés, photographies, films, installations sonores et reconstitutions architecturales sont orchestrés selon un parcours particulièrement inventif et dynamique, sur fond de dunes et de palmiers.

PARIS - En 1958, à Paris, les visiteurs du Pavillon de Marsan découvraient les splendeurs de l’art rupestre saharien à travers les nombreux relevés réalisés par le chercheur Henri Lhote et son équipe, lors de la campagne de Tassili (1956-1957). Ces gravures sur roche dont les plus anciennes remonteraient à plus de 10 000 ans avant notre ère, sont à nouveau à l’honneur au Musée de l’Homme (lire l’encadré) et au Muséum d’histoire naturelle, à Paris. Ce dernier s’intéresse plus globalement à l’ensemble du patrimoine saharien d’Algérie, depuis les premiers âges de la croûte terrestre jusqu’à aujourd’hui. L’exposition nous enseigne que cette immense zone désertique ne fut pas toujours constituée de pierres (le reg) et jalonnée de dunes. Formé de glaciers (vers 420 millions d’années avant notre ère) qui se transformèrent peu à peu en une vaste étendue d’eau (- 300 millions d’années), le Sahara a connu une période faste, dominée par une végétation tropicale et humide (- 60 millions), puis par une nature probablement proche de celle de la savane (- 30 millions d’années). Dissimulés derrière un voile de tulle, quelques animaux naturalisés (autruche, crocodile, girafe, éléphant et pélican) évoquent la faune qui peuplait ses rochers et canyons il y a encore 8 000 ans. Leur succèdent, mis en scène sur des étendues de sable en provenance directe du Sahara, animaux (embaumés ou conservés dans du formol) et plantes qui peuplent le désert d’aujourd’hui. Bêtes et végétaux ont développé quantité de stratégies pour survivre aux terribles conditions climatiques du désert, dont la température du sol peut atteindre 70 °C. Ainsi l’écureuil Xérus s’abrite-t-il à l’ombre de sa propre queue.

Un dépaysement total
Particulièrement créative et vivante, la scénographie permet une immersion totale dans les vastes contrées sahariennes. Blocs lumineux reprenant la bonne vieille formule du diorama (tableau vertical où sont peintes des figures éclairées), jumelles stéréoscopiques offrant des visions des dunes et roches en 3D, installations sonores diffusant le chant du vent, bacs pour découvrir les différentes catégories de sables, reconstitution d’une tente des Touaregs... la mise en scène procure un dépaysement total. Traversant une petite passerelle de bois, le visiteur accède à une oasis reconstituée, qui permet de comprendre le processus d’acheminement de l’eau depuis les roches sédimentaires jusqu’aux galeries creusées en sous-sol. Sont ensuite évoquées les villes du désert à travers la reconstitution d’un habitat type, avec son sol en béton, son toit en palmiers et son petit patio de sable. La dernière partie est consacrée aux enjeux actuels. Projeté sur le sable, un film relate le principe de formation du pétrole ; un grand plan lumineux au sol indique, quant à lui, les emplacements des gisements de gaz et de pétrole qui ont transformé le paysage saharien. “C’est une histoire naturelle qui est née d’une époque où le Sahara était sous la mer, conclut Hubert Bari, commissaire de l’exposition. Un passé vieux de centaines de millions d’années détermine ainsi toute l’économie actuelle du pays Algérie.”

SAHARAS D’ALGÉRIE – LES PARADIS INATTENDUS

Jusqu’au 12 octobre, Muséum national d’histoire naturelle, jardin des Plantes, galerie botanique, 10 rue Buffon, 75005 Paris, tlj 10h-19h, tél. 01 40 79 30 00.

Tassili

Dans le prolongement de l'exposition du Muséum d'histoire naturelle, le Musée de l'Homme, à Paris (jusqu'au 5 janvier 2004, tél. 01 44 05 72 72) étudie les fresques des civilisations disparues du Tassili – terme qui signifie plateau en berbère. D'une superficie de 350 000 kilomètres carrés, découvert par les explorateurs européens au XIXe siècle, le Tassili est le domaine des Touaregs Ajjer (de l'Ouest). Aujourd'hui désertique, la région fut, il y a plusieurs millénaires, une véritable savane tropicale richement peuplée. De cette période nous sont parvenues des milliers de peintures rupestres qui témoignent du mode de vie et de l'environnement des anciennes populations. Le parcours s'organise selon les quatre grands épisodes de peuplement du Tassili : la "période des chasseurs", celle des "pasteurs bovidiens", puis l'époque des guerriers à chars dite "des chevaux", et enfin, celle des "dromadaires".

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°171 du 16 mai 2003, avec le titre suivant : Mission Sahara

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