Michel Haas, une peinture à fleur de peau

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 22 janvier 2009 - 344 mots

C’est la première fois que le peintre Michel Haas, né en 1934 et travaillant à Paris, expose à la galerie Jeanne Bucher.

Comme le  souligne son codirecteur, Frédéric Jaeger, c’est après avoir été fort impressionné par la visite de son atelier qu’il a décidé de montrer les « Murs insolites » de Haas, à savoir des figures sur papier Arches, peintes au sol, puis accrochées au mur, dans une verticalité reflétant notre propre présence au monde. Il s’agit de donner de la vie en peinture.
Haas, agenouillé, met la main à la pâte, triturant avec ses doigts, tel un sculpteur, le papier trempé. La matière picturale, faite d’éléments simples (pastel, fusain, eau et colle), est malaxée jusqu’à ce qu’une peau de peinture apparaisse, où fond et forme se mêlent afin de créer une matière mouvante et émouvante. Une quinzaine de pièces sont dévoilées ici, dont une grande composition murale – Le Monde – constituée de dix-huit silhouettes, puis une poignée de peintures-sculptures, disséminées çà et là sur des cimaises blanches. Très peu de couleurs chez Haas, surtout du noir et du blanc, parfois des ocres, des bleus, et presque toujours des tons crépusculaires évoquant les grottes paléolithiques, les figures de Giacometti, la lave ou encore la saveur de la viande cuite à la cendre.
Avec ses œuvres « tactiles », ce grand arpenteur du terrain urbain qu’est Haas laisse s’exprimer la foule en mouvement : on croise dans ses peintures des chats, des flâneurs, des amoureux, des livreurs, bref tout ce qui peut se mouvoir dans la cité. Un ange passe aussi. Il travaille dans l’instant, se nourrissant d’images du quotidien pour « sculpter le temps » dans son atelier.
Cette expo, dressant face à nous un mur palimpseste envoûtant, rappelle bel et bien la figure baudelairienne de l’artiste en alchimiste   : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or » (Les Fleurs du mal).

A voir

« Michel Haas : corps de peinture », Galerie Jeanne Bucher, 53, rue de Seine. Paris VIe, Du 5 février au 14 mars 2009.

A lire

Son entretien avec Vincent Delaury (décembre 2008).

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°610 du 1 février 2009, avec le titre suivant : Michel Haas, une peinture à fleur de peau

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