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Lumières de peintres

L'ŒIL

Le 1 septembre 2002 - 363 mots

« Light » : le thème est pour le moins ambitieux, puisque la lumière est une problématique constante dans les arts visuels, qui justifierait une exposition géante. Et bien la National Gallery s’en tire à moindres frais, puisqu’elle entend faire le tour de la question à travers pas plus d’une vingtaine d’œuvres. Même si elle restreint son sujet à la représentation de la lumière dans la peinture du XVIIe à la fin du XIXe siècle, et bien que les plus grands maîtres soient convoqués (Rembrandt, Le Greco, Goya, Turner, Seurat...), c’est tout de même un peu frustrant. Ce rapide parcours aborde cependant les principales occurrences de cette représentation. Et tout d’abord la valeur symbolique de la lumière dans la peinture religieuse où son accentuation signale la présence du divin. C’est une lumière surnaturelle, qui tombe des cieux ou émane d’un personnage sacré. C’est le cas dans l’Adoration des bergers de Rembrandt, où l’enfant Jésus irradie littéralement dans l’obscurité de l’étable. Le symbolisme religieux de ce thème apparu dans la peinture du XVe siècle est très fort : il signifie que la vraie lumière, la vérité, c’est la nouvelle religion (le christianisme) reposant sur l’incarnation de Dieu (et son sacrifice à venir). Les ténèbres, en revanche, renvoient à l’absence de vraie foi, à l’erreur et à la damnation. Les Sorcières de Salvator Rosa en sont un exemple éloquent. Mais au fil des siècles, c’est la lumière naturelle qui, de plus en plus, va captiver l’attention des peintres, et surtout des paysagistes. De Claude Lorrain étudiant la réverbération du soleil sur la mer à Claude Monet multipliant le même motif à différentes heures du jour, en passant par les variations fantastiques d’un Turner, la lumière naturelle fournit aux peintres un inépuisable champ d’investigations. La lumière artificielle, quant à elle, est intimement liée à l’émergence de la ville moderne, et à la modernité artistique. Becs de gaz ou lampes électriques illuminent désormais les grandes métropoles, leurs rues et leurs salles de spectacles, offrant des visions inédites qu’un Pissarro ou un Degas ont magnifiées dans leurs vues urbaines nocturnes ou leurs scènes de cabaret.

- LONDRES, National Gallery, Trafalgar Square, tél. 207 747 2885, 18 juillet-6 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°539 du 1 septembre 2002, avec le titre suivant : Lumières de peintres

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