Louis Jammes, morceaux choisis

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 janvier 2003 - 352 mots

Inaugurée en avril dernier au cœur de la Rive droite par Eric Rodrigue et Eric Dereumaux, la galerie RX s’est très vite positionnée au regard d’un art résolument contemporain. Parmi les artistes avec lesquels ceux-ci ont choisi de travailler figurent des noms plus ou moins repérés, comme ceux d’Isabelle Champion-Métadier ou Xiao Fan, mais celui de Louis Jammes est assurément le plus familier. Dès le début des années 1980, ce dernier s’était fait repérer dans l’entourage de la Figuration libre puis très vite en réalisant toute une quantité de portraits d’artistes – Schnabel, Basquiat, Haring, Warhol... – pour aller finalement à la rencontre des autres, davantage anonymes. Sa série des Bag People, portraits pris sur le vif dans le quartier de Belleville, dans un décor peint par lui, en est une heureuse illustration. Animé d’un sentiment altruiste, Louis Jammes a jeté par la suite son dévolu sur les grands événements du monde pour nous en livrer des images fortes comme celles qu’il a réalisées à Berlin, à Tchernobyl, à Sarajevo, en Afrique ou plus récemment à Gaza. Entre reportage et photographie plasticienne, les œuvres de Jammes qui sont pour l’essentiel des portraits d’individus victimes des rivalités partisanes du monde contemporain, font l’objet le plus souvent d’un travail de reprise en peinture. De la sorte, il y apporte une touche subjective qui vient augmenter la charge sensible de ses modèles comme en témoignent les morceaux choisis réunis dans cette exposition. Si chacune de ses images se propose comme le champ expérimental d’une mise en scène, c’est que Louis Jammes n’a jamais caché sa passion pour le cinéma. Présenté parallèlement à ses photos, le film qu’il a réalisé au cours de l’année 2000 sur la vie quotidienne d’une famille de Dolganes, à l’extrême Nord de la Sibérie, rejoint ses préoccupations photographiques. Tourné sans interprète à l’aide de deux webcams, l’une fixe placée à l’intérieur d’une maison, l’autre mobile pour les extérieurs, La Trace de Moloktchon s’appuie sur une communication rendue possible par le langage des signes ou le dessin.

PARIS, galerie RX, 6, avenue Delcassé, tél. 01 45 63 18 78, 6 décembre-30 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°543 du 1 janvier 2003, avec le titre suivant : Louis Jammes, morceaux choisis

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