Photographie

Lorna Simpson en quête d’identité

Par Damien Sausset · L'ŒIL

Le 1 mai 1999 - 293 mots

Dès ses premiers travaux photographiques des années 80, Lorna Simpson démontrait que toute interrogation sur l’identité raciale ou sexuelle passait obligatoirement par une étude du corps en tant qu’instrument de communication.
À cette époque, les universitaires et les artistes américains étaient obsédés par la question des minorités et par les moyens qu’il convenait de mettre en place afin de consolider leurs appartenances à une société prétendument égalitaire. Ces réflexions s’inscrivaient dans la logique des mouvements pour les droits civiques éclos durant les années 60 en faveur des noirs, des femmes et des indiens. Mais ce qui au départ servait de catalyseur à l’émancipation des minorités avait vite tourné, durant les années 80, à une apologie de la différence. Dans ce contexte, les images simples de cette artiste new-yorkaise avaient fait sensation. En effet, elle démontrait que l’identité est avant tout un mythe, celui que l’autre projette sur vous et auquel on se conforme plus ou moins consciencieusement. Cette conviction devenait explicite dans ses photographies de femmes noires qui, tour à tour, adoptaient des positions stéréotypées dans l’espace public, avant de redevenir de simples femmes américaines dans l’intimité de leurs foyer. Depuis 1996, Lorna Simpson réalise des films d’où elle tire quelques images ensuite présentées simultanément sur les murs. L’une de ces pièces ouvre l’exposition.
Des femmes discutent au téléphone. Dans leurs conversations, des considérations générales sur les hommes, leurs relations sentimentales, leurs besoins d’amour alternent avec des réflexions plus directes d’où émerge l’espace d’un instant la vraie personnalité des héroïnes. Quelques magnifiques images noir et blanc tirées de ce film accompagnent l’installation. Recollation, une pièce réalisée spécialement pour cette occasion, poursuit ce principe d’interrogation sur la façon dont chacun élabore des identités provisoires selon les situations.

MINNEAPOLIS, Walker Art Center, jusqu’au 11 juillet.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°506 du 1 mai 1999, avec le titre suivant : Lorna Simpson en quête d’identité

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