Art contemporain

Maromme (76)

L’œuvre « dérangé » d’Anita Molinero

L’Académie - Jusqu’au 14 novembre 2021

Par Anne-Charlotte Michaut · L'ŒIL

Le 26 octobre 2021 - 310 mots

« Elles se la pètent, mes sculptures, aujourd’hui ! », a pensé Anita Molinero lorsqu’elle a découvert son exposition à L’Académie, extension du centre d’art Le Shed dans un hôtel particulier de la fin du XVIe siècle.

C’est en effet la première fois que ses sculptures, faites d’objets hétéroclites récupérés et de matériaux pauvres, sont exposées dans un « cadre aussi bourgeois », ce qui les rend « encore plus arrogantes ». Cette arrogance, et la dimension humoristique omniprésente dans l’œuvre de l’artiste, est cultivée à dessein par Jonathan Loppin, le commissaire. Ainsi a-t-il décidé d’ouvrir l’exposition par un « salon de peintures », en présentant aux murs des pièces de petit format (série des Croûûûtes criardes) ainsi qu’un imposant toboggan en plastique. Il s’agit, en renversant notre rapport à ces sculptures, de démontrer toute la puissance picturale de ces œuvres hybrides et colorées. Anita Molinero se dit ravie de cet accrochage inédit, elle qui ne s’intéresse guère à la manière dont ses œuvres sont présentées, et fait une grande confiance aux personnes avec qui elle travaille, d’autant plus lorsque cette personne est un artiste et un ami de longue date, comme Jonathan Loppin. « Cette exposition, c’est lui, jusqu’au titre, “dérangée” », dit-elle en riant. Les salles suivantes présentent des œuvres plus connues du travail de l’artiste, notamment les poubelles en plastique, qu’elle tord, étire, déforme, abîme – sublime, en somme. Car l’altération matérielle de l’objet à laquelle elle s’adonne n’a pas vocation à le détruire, mais bien au contraire à lui rendre sa juste place dans la société. Si la poubelle est « son objet totem » (Jonathan Loppin), c’est parce qu’elle est, selon l’artiste, « le signe de l’époque », et tout son travail tend à « montrer le monde tel qu’on le vit au présent ». Cette exposition propose un savoureux avant-goût de la rétrospective que le Musée d’art moderne de la Ville de Paris consacrera au printemps à l’œuvre d’Anita Molinero.

« Anita Molinero. Dérangée »,
L’Académie, 96, rue des Martyrs-de-la-Résistance, Maromme (76), www.le-shed.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°748 du 1 novembre 2021, avec le titre suivant : L’œuvre « dérangé » d’Anita Molinero

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