L’ironie dévastatrice de Jacques Charlier

L'ŒIL

Le 1 novembre 1999 - 233 mots

Existe-t-il des traditions nationales dans le domaine des arts ? Certains en doutent. Cependant, la Belgique semble en mesure de donner des artistes (René Magritte, Marcel Broodthaers ou Jan Vercruysse) ayant en commun une ironie froide et dévastatrice. L’art de Jacques Charlier appartient à cette tradition de réinvention humoristique de l’objet artistique. Né à Liège en 1939, il découvre le monde artistique en autodidacte. À l’âge de 15 ans il réalise déjà des peintures copiées sur des dictionnaires et des catalogues. Ses premières expositions, au début des années 60, révèlent un artiste dont les œuvres démontrent les rouages et les perversités du système artistique alors en vigueur. Puisque l’art est objet de culte et de commerce, Jacques Charlier s’ingénie à dérouter en refusant tout style. De cette époque date sa fascination pour les objets de brocante. Ils lui servent alors à construire des pièces conçues comme des pièges visuels où l’objet devient peinture et la peinture objet. Cet artiste a également exploré des domaines et des supports d’une grande variété : textes poétiques, peintures amusantes, photographies ironiques, centre de désintoxication artistique, groupe de musique after-punk... L’actuelle rétrospective démontre surtout que Jacques Charlier est un personnage d’une grande intelligence lorsqu’il s’agit de perturber les codes établis de l’art contemporain. Jugée moins sérieuse que celle de Marcel Broodthaers, son œuvre reste l’une des plus satiriques de ce siècle.

LUXEMBOURG, Casino de Luxembourg, jusqu’au 16 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°511 du 1 novembre 1999, avec le titre suivant : L’ironie dévastatrice de Jacques Charlier

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