Fontainebleau (77)

L’historien sur les traces du Dauphin de France

Château de Fontainebleau jusqu’au 25 janvier 2016

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 18 novembre 2015 - 363 mots

Louis Ferdinand de France est mort le 20 septembre 1765 au château de Fontainebleau. Le Dauphin de France, fils et père de rois qui ne le sera jamais lui-même, dévoile une part de son mystère dans cette exposition-dossier remarquable.

Autour du tableau Allégorie de la mort du Dauphin peint par Lagrenée l’Aîné et appartenant au château, la commissaire Marine Kiesel a construit un récit, celui de la vie de ce fils de Louis XV, comme l’enquête d’un historien d’art face à un personnage qui a laissé peu d’archives. Sa mémoire est en effet rapidement prise en main par son plus dévoué courtisan, le duc de La Vauguyon, commanditaire du tableau, et la dauphine Marie-Josèphe de Saxe, qui en ont fait une figure de la vertu. Or, au détour de sa bibliothèque, le rayon religion apparaît restreint et laisse plutôt la place aux ouvrages sur les fêtes et les sciences. Un Dauphin éclairé ? Diderot le lui a bien rendu en dessinant cinq versions de son mausolée pour la cathédrale de Sens. Dans une lettre à sa maîtresse, il exprime toute son excitation à l’idée de cette commande. Le philosophe des Lumières, heureux de travailler pour la royauté ? Sa vive critique du tableau, exposé au Salon de 1767, dans laquelle il regrettait le manque de grandeur, visait donc directement le peintre, voire le commanditaire, et non le sujet lui-même. C’est aussi cela qu’éclaire l’exposition, ces raccourcis historiques qui opposent par exemple trop facilement les philosophes aux rois. Par ailleurs, elle permet un focus technique sur ce tableau et son histoire. Une toile, non signée, non datée, mais en tous points identique à la première, passée en vente dans les années 1990, a fait le voyage jusqu’au château pour être présentée en parallèle. Une étude dans le laboratoire du Centre de recherche et de restauration des musées de France révèle une même palette, une même technique de broyage des pigments et une grande qualité d’exécution. Une tablette numérique permet de zoomer au plus près de la toile et de répondre à quelques questions iconographiques. L’ensemble illustre avec intelligence la démarche minutieuse de l’historien face aux pistes variées qu’il doit ouvrir pour comprendre une œuvre.

« Le Dauphin, l’artiste et le philosophe »

château de Fontainebleau, Fontainebleau (77), www.chateaudefontainebleau.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°685 du 1 décembre 2015, avec le titre suivant : L’historien sur les traces du Dauphin de France

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