L’expressionnisme au canif

L'ŒIL

Le 1 juillet 1999 - 230 mots

La gravure, en particulier sur bois, est indissociable de l’expressionnisme allemand. Avec la xylographie, les artistes de Die Brücke (Kirchner, Heckel, Schmidt-Rottluff...) trouvent un médium parfaitement adapté à leurs aspirations, au point que leur peinture semble fortement déterminée par leur travail du bois. Ces artistes ont magnifiquement exploité les possibilités de la gravure sur bois de fil. La taille facile au canif permet l’exécution rapide et l’expression spontanée ; elle incite aux simplifications radicales et aux plus beaux contrastes ; enfin elle permet de jouer avec la texture du bois, éclats, bavures, épargnes irrégulières. Les artistes du Blaue Reiter, quant à eux, récusent la subjectivité exacerbée des premiers expressionnistes et la dimension à la fois artisanale et archaïsante de leur art. Les gravures sur bois de Kandinsky, Macke ou Marc témoignent de recherches formelles proches de l’abstraction, à travers d’incandescents contrastes de blanc et de noir. Le troisième pôle expressionniste est constitué par des artistes relevant de la Nouvelle Objectivité. Marqués par l’horreur du premier conflit mondial, ils s’orientent vers un art politiquement engagé, grinçant et cruel, à l’image de la réalité. Mieux que la gravure sur bois, la lithographie ou l’eau-forte conviennent au graphisme acéré et coupant, au réalisme halluciné d’un Grosz ou d’un Dix. À travers 140 gravures, cette exposition offre un vaste aperçu de l’expressionnisme allemand.

MONTBÉLIARD, Musée du château des ducs de Wurtemberg, jusqu’au 6 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°508 du 1 juillet 1999, avec le titre suivant : L’expressionnisme au canif

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