Art moderne - Histoire de l'art

Riehen-Bâle (Suisse)

L’essence de Balthus

Fondation Beyeler - Jusqu’au 1er janvier 2019

Par Amélie Adamo · L'ŒIL

Le 1 octobre 2018 - 290 mots

Chefs-d’œuvre incontestés venus des plus grands musées internationaux, œuvres fragiles ou issues de collections privées jusque-là peu montrées au grand public, rares autoportraits… L’exposition Balthus organisée à la Fondation Beyeler propose une belle traversée rétrospective dans l’œuvre du « Roi des chats », Balthasar Klossowski : des pièces de jeunesse des années 1920 aux œuvres tardives des années 1990, de Thérèseà La Partie de cartes, de la Rue au Passage du Commerce Saint-André, des Beaux Joursà la Chambre turque.

Certes l’accrochage chronologique peut paraître un peu scolaire, mais l’œil se laisse charmer par l’ensemble, et l’on imagine soi-même, de salle en salle, les possibles décloisonnements, les échos et les métamorphoses des motifs issus de diverses époques. Car l’exposition donne à sentir l’essence de l’œuvre de Balthus, la récurrence des thèmes et des problématiques formelles. Fil rouge tendu dans l’exposition, l’œil se balade en équilibre instable, vacillant entre deux états. Tout comme Balthus cultivait dans sa vie les paradoxes, entre ascèse et mondanités, se définissant modestement comme un « artisan » tout en se revendiquant aristocrate intellectuel en lien avec l’élite culturelle de son temps, sa peinture joue d’une ambiguïté certaine. Entre classicisme et modernité, tradition picturale et référents populaires, science de la composition et déformations du réalisme, les œuvres de Balthus rendent sensible un monde en déséquilibre. Tout comme ses personnages résident sur un point de basculement, figés dans un geste énigmatique, au bord de tomber, nous y sommes maintenus en tension entre des forces contradictoires : entre le désir, la grâce, la paix et l’oppression, la peur, entre la candeur de l’enfance et la pulsion érotique. La peinture de Balthus possède la douceur et le calme d’un intérieur bourgeois calfeutré de velours dont la lumière sombre ou l’intensité dramatique vire soudain au cauchemar.

« Balthus »,
Fondation Beyeler, Baselstrasse 101, Riehen-Bâle (Suisse), www.fondationbeyeler.ch

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°716 du 1 octobre 2018, avec le titre suivant : L’essence de Balthus

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