L’esprit Mai 68 à La Patinoire

Dans ce bâtiment construit en 1877 dans un style néo-classique, ancienne patinoire transformée au XXe siècle en garages automobiles, a pris place la galeriste Valérie Bach, qui, avec son mari Philippe Austruy, a acquis le lieu en 2007 pour en faire un espace d’expositions. Attenante à la Galerie Valérie Bach, La Patinoire royale a été intégralement restaurée pour accueillir des expositions de « niveau muséal » – de niveau seulement, puisque tout est à vendre –, comme on dit, confiées à des commissaires d’expositions indépendants. Afin d’afficher l’ambition du nouveau lieu, le premier accrochage a été confié à l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, lequel y présente « La Résistance des images ». L’exposition est consacrée aux artistes qui ont travaillé à partir des années 1960 à Paris, et qui ont fait montre par leur travail de peintre de résistance à la poussée de l’abstraction autant que de leur engagement politique : Adami, Arroyo, Cueco, Fromanger, Klasen, Monory, Recalcati, Télémaque… pour les plus connus, Babou et Jean-Pierre Le Boul’ch pour les moins connus. Par un Hommage à Van Gogh d’Erró (1985) et un autre à Picasso de Rancillac (2003), l’ouverture rappelle le goût pour l’histoire que le commissaire partage avec les artistes de sa génération. Plus loin, c’est Manet que l’on retrouve chez Jacquet (Le Déjeuner sur l’herbe, 1964) et chez Braun-Vega (Le Déjeuner in Central Park (Manet), 1989). Au milieu de ces hommages – certains parleront de détournements –, Ivan Messac dénonce La Chaîne, le travail qui tue (1972), Erró invite Mao sur la place de la Concorde (1980). Mai 68 n’est pas loin, sa révolution politique et sa libéralisation des mœurs : ainsi les gros plans suggestifs de Schlosser ou Ice Cream 2 d’Evelyne Axell (1967), qui n’a de cornet de glace que le nom, en sont-ils les enfants…