Musée du quai Branly

L’esprit « baba bling » des Peranakan

Jusqu’au 30 janvier 2011

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 27 octobre 2010 - 378 mots

Dans la société peranakan, le faste, le chic, le clinquant et le raffinement se déclinent de l’intérieur des maisons aux habits traditionnels et bijoux sans oublier l’art de la table et les traditions, comme le révèle l’exposition « Baba bling », actuellement présentée au musée du quai Branly.

Le métissage est de règle dans cette communauté d’Asie du Sud-Est empruntant aussi bien à la Chine son mobilier, sa porcelaine qu’à la femme malaise ses kebaya (chemisier) et sarong (jupe) et aux Malais plus généralement leur langue, mais aussi leurs habitudes culinaires avec l’utilisation d’épices.

Descendants de commerçants chinois du sud de la Chine venus dans cette région pour leurs affaires, les Peranakan (mot malais signifiant « né localement ») se sont d’abord installés sur la côte nord de l’île de Java vers 1297 et à Malacca entre 1459 et 1477 avant de se répandre dans la région. Leur fortune personnelle et leurs mariages avec des jeunes filles locales et de familles fortunées ont favorisé leur intégration et leur développement. Dénommée aussi Baba (« homme peranakan » en malais) ou Straits Chinese (Chinois des détroits), cette communauté est demeurée jusqu’à nos jours minoritaire, que ce soit en Malaisie ou à Singapour où elle arriva à la suite de la création en 1819 d’un comptoir par la Compagnie anglaise des Indes orientales. La Seconde Guerre mondiale et l’occupation japonaise ont provoqué cependant le déclin de cette société également influencée par la civilisation européenne.

Le regain de sa culture est apparu notamment à Singapour, à la faveur des expositions du musée des Civilisations asiatiques et de l’ouverture en 2008 du Musée peranakan. Toutes les pièces exposées à Paris, comme celles présentées dans la period room reconstituant une chambre de mariés, proviennent de ce musée fascinant pour sa scénographie et ses multiples period rooms qu’on aurait d’ailleurs voulu voir bien plus nombreuses dans l’exposition, notamment pour la partie art de la table à l’élégance trop désincarnée, loin du décor « électrique » voire kitch auquel il peut prêter.
Une remarque que l’on peut d’ailleurs étendre à l’ensemble de l’exposition. Il reste que certaines pièces (mobilier finement marqueté incrusté d’or et de nacre, nappes et mules perlées, garde-robe délicatement brodée) fascinent et que les cartels riches en informations permettent de saisir l’esprit peranakan.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°629 du 1 novembre 2010, avec le titre suivant : L’esprit « baba bling » des Peranakan

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