Les visions idéales de Rossetti

Cofondateur avec John Everett Millais et William Holman Hunt de la Fraternité préraphaélite en 1848, le peintre britannique Dante Gabriel Rossetti (1828-1882) est aujourd’hui considéré comme la figure de proue de ce groupe né en réaction contre les principes traditionnels de l’Académie et dissous dès 1852. L’idée principale qui anime ces artistes est celle d’un retour à la nature, à une simplicité qui leur semble perdue en peinture depuis la Renaissance et qu’ils tentent de retrouver à travers un réalisme minutieux aux couleurs fortes, très inspiré par la littérature (Edgar Allan Poe, Goethe…). À travers plus de deux cents œuvres – peintures, dessins, objets, bijoux, photographies –, le Van Gogh Museum d’Amsterdam rend hommage à Rossetti de la façon la plus complète, dans un parcours thématique croisant les différentes périodes de l’artiste. De ses dessins à sujets médiévaux au triptyque L’Arbre de David (1858-1864) qui a quitté exceptionnellement la cathédrale de Cardiff, en passant par ses célèbres portraits de femmes aux cheveux roux des années 1860 inspirés de la Renaissance, l’univers dessiné ou peint par Rossetti est à la fois romantique, mystique, symboliste. Violemment critiquée à son époque, son œuvre va exercer une influence décisive sur des artistes de son entourage comme Edward Burne-Jones et William Morris. Cette exposition – la première aux Pays-Bas et la plus vaste depuis celle organisée en 1973 à la Royal Academy – montre notamment, parmi de nombreux chefs-d’œuvre, deux des tableaux les plus aboutis de l’artiste, inspirés de l’histoire de Dante et Béatrice : Beata Beatrix (vers 1870), peint après la mort de son épouse Elizabeth Siddal, et Le Rêve de Dante (1871).