musée

Les porcelaines de l’Albane

Par Adrien Goetz · L'ŒIL

Le 1 octobre 2000 - 303 mots

Louis XIV aimait l’Albane et son vieux jardinier le savait. Quand André Le Nôtre, à sa mort, légua
au roi les meilleurs tableaux de son extraordinaire cabinet, neuf étaient attribués à Francesco Albani. L’Albane, rebaptisé d’un patronyme français, comme le Guide ou le Dominiquin, faisait alors partie des artistes les plus prisés. Ses jardins animés de figures héroïques, habités quelquefois d’architectures merveilleuses, semblaient comme un premier jet des harmonieux décors du parc de Versailles. L’idylle classique avait été inventée, un bon demi-siècle plus tôt, par l’Albane. Les collections du Louvre, héritières des collections royales, remisèrent peu à peu en réserve, au cours des XIXe et XXe siècles, les tableaux mythologiques et religieux de l’Albane. On le jugea démodé, avec ses personnages de porcelaine et ses lointains paysages noyés de brume. Le goût français, en matière d’art italien, se porta vers les Primitifs. Il fallut l’enthousiasme de Stéphane Loire, au moment de la réinstallation des peintures italiennes dans la Grande Galerie en 1997, pour que la série de L’Histoire de Vénus, restaurée, s’impose à nouveau parmi les chefs-d’œuvre de l’école italienne. L’exposition-dossier qu’il organise au Louvre achève cette redécouverte. L’art raffiné et savant de l’Albane, qui devait beaucoup à sa formation à Bologne dans l’atelier du Flamand Denys Calvaert, où il fut le condisciple de Guido Reni, et à son passage dans l’Accademia degli Incaminati des Carrache, apporta un véritable renouveau à l’art français, notamment dans le domaine du paysage. Les peintures de petit format rassemblées au Louvre, provenant essentiellement des collections nationales, témoignent de cet Albane français. Francesco Albani l’Italien, auteur de grands décors et d’une multitude de peintures conservées en Italie ou en Espagne reste à découvrir. Ce serait le sujet d’une plus vaste et aussi passionnante exposition.

PARIS, Musée du Louvre, jusqu’au 8 janvier, cat. éd. RMN, 120 p., 98 ill.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°520 du 1 octobre 2000, avec le titre suivant : Les porcelaines de l’Albane

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