Art moderne

XIXE SIÈCLE

Les plus beaux pastels d’Orsay

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 9 mai 2023 - 495 mots

PARIS

La belle sélection du Musée d’Orsay présente des chefs-d’œuvre d’Edgar Degas et Odilon Redon, et sort de l’ombre des artistes moins attendus.

Jean-François Millet (1814-1875), Le Bouquet de marguerites, vers 1871, pastel sur papier beige et châssis entoilé, Musée d’Orsay. © RMN-Grand Palais / Jean-Gilles Berizzi
Jean-François Millet (1814-1875), Le Bouquet de marguerites, vers 1871, pastel sur papier beige et châssis entoilé, Musée d’Orsay.
© RMN-Grand Palais / Jean-Gilles Berizzi

Paris. « Les tons y sont vrais, brillants, pleins de fraîcheur, d’éclat et d’un velouté remarquable », écrivait le peintre Frédéric Goupil dans son traité Le Pastel simplifié et perfectionné paru en 1858. Le fragile médium était presque tombé en désuétude jusqu’à sa redécouverte au milieu du XIXe siècle. Alors qu’il existait moins de cinquante couleurs au XVIIIe siècle, « elles passent d’environ 500 à 1 000 entre 1880 et 1914 », précise un texte de l’exposition.

Le Musée d’Orsay conserve quelque cinq cents pastels dont quatre-vingt-quinze sont présentés sous le commissariat de Caroline Corbeau-Parsons, conservatrice des arts graphiques. On y trouve des œuvres qui ont été montrées dans diverses expositions, mais aussi d’autres plus inédites. Le parcours, thématique, couvre un peu plus de soixante ans, depuis Jean-François Millet, qui a véritablement remis le pastel au goût du jour dans les années 1860, jusqu’au Bouquet de soucis sur la cheminée d’Édouard Vuillard (vers 1930).

Dans la première salle, Autoportrait en trompe-l’œil de Jean-Marie Faverjon (vers 1868) illustre la technique traditionnelle faisant largement appel à l’estompe. L’œuvre est mise en relation avec Le Bouquet de marguerites de Jean-François Millet (vers 1871, voir ill.), qui innove en travaillant par hachures, notamment noires, quand, dans son Portrait d’Irma Brunner dit La Femme au chapeau noir (vers 1880-1882), Édouard Manet fait un usage magistral de la traditionnelle estompe dont le velouté est amplifié par le fait qu’il réalise l’œuvre sur une toile préparée et non sur papier.

Couleurs et matières

Mais c’est bien dans la ligne de Millet que les grands maîtres du pastel, au XIXe siècle, manient leurs bâtonnets comme des crayons dont ils peuvent aussi utiliser le côté long pour des aplats ou étendre la matière au doigt. Ils jouissent des couleurs intenses que l’industrie met désormais à leur disposition. On sait les merveilles qu’en ont tirées Edgar Degas et Odilon Redon, très présents dans la sélection, ou Mary Cassatt. Peu adepte du médium, Auguste Renoir est l’auteur de l’impressionniste Portrait de jeune fille brune, assise, les mains croisées (1879). Autres grands pastellistes, Ker-Xavier Roussel et son beau-frère Édouard Vuillard étaient attendus, tout comme Lucien Lévy-Dhurmer, virtuose de la technique dont le talent multiple est mis en valeur, des œuvres symbolistes au portrait en passant par le paysage.

George Desvallières, avec son monumental Les Tireurs à l’arc (1895), énigmatique danse d’archers et de grues, séduit à chacune de ses apparitions. Il est aussi l’auteur d’un beau Portrait d’homme (1891) montré une seule fois auparavant. Malheureusement, le musée ne possède que Paysage marin (Dieppe) d’Henri Gervex (vers 1885), auteur de beaux portraits au pastel (tout comme son contemporain Albert Besnard absent de l’exposition). Le Portrait de Madame Paul Helleu (1894), élégant hommage d’une grande harmonie chromatique de Paul Helleu à son épouse, est l’une des (nombreuses) vedettes de ce parcours. C’est la deuxième fois seulement qu’il est montré au public depuis 2009.

Pastels. De Millet à Redon,
jusqu’au 2 juillet, Musée d’Orsay, esplanade Valéry-Giscard d’Estaing, 75007 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°610 du 28 avril 2023, avec le titre suivant : Les plus beaux pastels d’Orsay

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