Les papes de l’art suisse

Sienne s’ouvre à la jeune création helvétique

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 24 septembre 1999 - 591 mots

Les artistes suisses ont le vent en poupe, à tel point que la commissaire d’exposition et critique d’art Bice Curiger a récemment déclaré que « l’art en Suisse a connu au cours de l’année 1999 un développement jamais vu ». Largement présents à la Biennale de Venise, à l’instar des grands rendez-vous internationaux, les créateurs helvétiques sont les premiers invités du Palazzo delle Papesse, le centre d’art contemporain de Sienne, dans le cadre de la série d’expositions intitulée « La République de l’art ».

SIENNE - Découvrir les créations d’artistes suisses dans une ancienne banque n’est pas en soi une véritable surprise. Le Palazzo delle Papesse a longtemps été le siège siennois de la Banque d’Italie (lire le JdA n° 73, décembre 1998). Dessiné par Bernardo Rossellino et situé entre le Duomo et la Piazza del Campo, ce palais du XVe siècle offre un écrin de choix à une sélection d’une douzaine d’artistes helvétiques. L’exposition du centre d’art contemporain est le premier volet de la série “La République de l’art”, qui entend porter des coups de projecteur sur la création de différents pays européens et méditerranéens, à travers des œuvres des années soixante à nos jours. Le volet suisse s’ouvre d’ailleurs sur une pièce nébuleuse d’Olaf Breuning, 29 ans, l’un des artistes helvétiques les plus talentueux de sa génération. Dans l’installation du rez-de-chaussée, comme dans les photographies accrochées au second étage, il déploie des mises en scène qui font directement référence aux films d’horreur de série B. Plus sobrement, Fabrice Gigy a monté juste à côté une tribune légère d’où les visiteurs peuvent regarder un programme de vidéos, notamment Le cours des choses de Fischli et Weiss. Un autre espace de projection a même été aménagé dans une autre salle qui conduit... aux toilettes !

Après les grandes photographies de Beat Streuli et avant les sculptures d’Urs Fischer, le premier étage fait la part belle à l’installation de Costa Vece, Dressed to kill (1998-1999), déjà montrée à la Helmhaus de Zurich. Dans un espace délimité par des cartons – à l’image de la pièce que le Suisse présente actuellement aux Corderies, à la Biennale de Venise – est projeté l’extrait d’un film de Brian De Palma, une course poursuite pseudo-amoureuse dans un musée, rythmée par une musique très prégnante. L’exposition se poursuit au second étage avec des pièces de Roman Signer, du couple féminin Joko, de Daniele Buetti et de Thomas Hirschhorn. Les trois salles réservées à Pipilotti Rist ne dérouteront pas les visiteurs de l’Arc/Musée d’art moderne de la Ville de Paris, puisque les œuvres exposées ici, du tas de sable à la projection vidéo, sont quasi identiques à celles montrées dans la capitale française. De même, Ugo Rondinone a installé à l’entrée de Sienne, à proximité du parking “Il Campo”, son arc-en-ciel Dog days are over.

Parallèlement, le centre d’art présente pour la première fois en Italie un ensemble des multiples édités par Parkett, dont certains ont également été exposés sur le stand de la revue à la dernière Fiac. Cette collection exceptionnelle réunit des créations de Mariko Mori, Cindy Sherman, Sophie Calle, Rebecca Horn, Douglas Gordon... Enfin, depuis la terrasse du palais qui domine toute la cité et la campagne environnante, une longue-vue permet de partir à la découverte des lettres posées un peu partout dans la ville par Daniel Spoerri et qui forment la locution Meliora latent (jusqu’au 30 septembre).

LA RÉPUBLIQUE DE L’ART : SUISSE

Jusqu’au 3 octobre, Palazzo delle Papesse, Centre d’art contemporain, via di Città 126, Sienne, tél. 39 057 74 79 20, tlj 12h-23h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°89 du 24 septembre 1999, avec le titre suivant : Les papes de l’art suisse

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