Les Lobi plongés dans le Grand Jardin

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 2 novembre 2007 - 256 mots

Austère, parfois géométrique, souvent hiératique, elle ne se livre pas, mais elle nous touche profondément par son humanité, cette statuaire lobi si longtemps ignorée. C’est au château du Grand Jardin, à Joinville, qu’est réalisée une remarquable exposition qui devrait faire date pour l’étude de ce peuple du Burkina Faso, le « pays des Hommes intègres ». Oubliée, et même dénigrée, cette forme d’art a été redécouverte par des amateurs dans les années 1960-1970. On était étonné par cette sculpture qui va droit à l’essentiel, sans fioritures, sans grâce souvent. Une statuaire dont chaque personnage renferme ses secrets.
La sculpture lobi, art de culte, plonge ses racines dans la religion de ce peuple d’agriculteurs. Le regard des statues est tourné vers un au-delà invisible. Ignorant notre monde, elles ont été créées sur l’ordre d’un devin à qui une personne en difficulté est venue exposer ses problèmes. Le devin a identifié un esprit, un thil, mécontent. Pour apaiser ce thil, il faudra sculpter une statue dans laquelle il pourra venir se matérialiser afin de figurer sur l’autel du village ou de la famille. Pour que l’œuvre soit efficace, une forme aussi belle que possible sera réalisée en bois, pierre ou ivoire. Loin d’être une simple représentation, c’est un intermédiaire entre le monde terrestre et l’au-delà.
Cette sculpture brute et sans apprêt, cette désinvolture de la ressemblance ne sont pas sans nous rappeler l’art des sculpteurs romans.

« Les Lobi », château du Grand Jardin, 5, avenue de la Marne, Joinville (52), tél : 03 25 94 17 54, jusqu’au 23 décembre 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°596 du 1 novembre 2007, avec le titre suivant : Les Lobi plongés dans le Grand Jardin

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