musée

Les jeux de piste de Collin-Thiébaut

L'ŒIL

Le 1 mai 2000 - 245 mots

« L’image peut dire beaucoup, mais elle ne peut pas tout dire. Il est fort possible du reste que tout soit grossièrement nommé, montré et dit, de là notre inquiétude moderne. » Ces quelques mots de Gérard Collin-Thiébaut résument sans doute une grande partie de sa démarche. Produire pour cet artiste n’est pas une affirmation qui répondrait ainsi à quelque interrogation théorique. Au contraire, chacune de ses œuvres proclame combien, dans le domaine de l’art, rien ne peut décidément être résolu dans un monde en proie à de si vives tensions. Au Centre d’art d’Ivry, ce lauréat de la XIIe Bourse d’Art monumental d’Ivry intervient avec un titre provocateur : Du paysage alpestre-Une histoire de point de vue. Prévue comme une véritable promenade bucolique dans un monde où chaque objet s’amuse à jouer un autre rôle que celui qui est habituellement le sien, l’exposition nous entraîne dans un paysage fictif. Des tickets de bus deviennent par la magie de l’éclairage une chaîne montagneuse. Linges de lettres, voiles de mots, série de carrés de tissus alignés sur les murs, propose une constellation de mots simples sans liens les uns avec les autres. Un cor des Alpes donne à l’ensemble une ambiance étrangement surannée. Ces divers jeux de pistes, riches en citations littéraires, proposent un univers qui nécessite un effort de mémoire et d’interprétation afin que de la libre association de ces rébus jaillisse l’évidente beauté d’une démarche résolument radicale.

IVRY, galerie Fernand Léger, jusqu’au 4 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°516 du 1 mai 2000, avec le titre suivant : Les jeux de piste de Collin-Thiébaut

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