musée

Les hommes vus par August Sander

L'ŒIL

Le 1 mars 2002 - 257 mots

Il ne se passe pas de mois sans qu’une galerie ou un musée propose d’admirer les travaux d’un photographe spécialisé dans le portrait de gens anonymes, posant sans émotion apparente face à l’objectif. En général, ils appartiennent plus ou moins à la même corporation ou au même village. Dans ces cas-là, on parle de typologie. Et comme, de nos jours, chacun est soucieux de laisser croire qu’il est unique en son genre, le nom du père de cette démarche particulière est le plus souvent escamoté. Ce qui constitue une première injustice à l’égard d’August Sander (1876-1964). Une autre serait de restreindre son influence à la seule photographie allemande de l’école dite de Düsseldorf. On pourrait glauser à l’infini sur la pratique contemporaine consistant à gommer toute trace d’émotion, de sentiment, dans les séries de portraits. Ce n’était sans doute pas le propos de Sander, plutôt soucieux de préserver la dignité de ses modèles, dans le caractère hiératique de leur pose. La suite de photographies réunies sous le titre « Hommes du XXe siècle » ne révèle hélas qu’une part infime d’une somme prodigieuse, étalée du début des années 20 jusqu’à sa disparition. Une grande partie a en effet été détruite lors des bombardements de la dernière guerre. Mais ce qui subsiste révèle le véritable travail d’historien d’August Sander – quand par exemple il met en lumière l’apparition des premiers signes de l’hystérie nazie au cœur d’une société paisible de petits bourgeois et de fermiers.

- WINTERTHUR, Fotomuseum, Grüzenstrasse 44, tél. 52 23 36 086, 19 janvier-24 mars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°534 du 1 mars 2002, avec le titre suivant : Les hommes vus par August Sander

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