S’il vivait à l’époque médiévale, il y aurait belle lurette que Guy Lemonnier aurait soit atteint les plus hautes cimes d’une reconnaissance publique, soit été enfermé pour cause de folie démoniaque. Notre époque, qui est vite désabusée, ne sait pas toujours reconnaître dans la foule des créateurs ceux qui travaillent à sa réflexion. On ne peut donc que se réjouir de voir deux institutions se faire les complices médiatiques de l’œuvre de cet artiste. Ses incroyables installations autour d’entités abstraites aussi subtiles que le Sel de Prunelle, la Résine d’Or ou le Sang Dragon ne connaissent aucune comparaison. Sa façon d’accumuler toutes sortes d’objets de rebut, son goût irrépressible pour le classement et cette propension à l’expérience sans cesse remise sur le tapis font de lui un artiste à part. D’autant qu’il faut ajouter à cela une faculté inimaginable à la transformation et à la transmutation qui relève des sciences fondamentales ou de l’alchimie. On l’aura compris, Guy Lemonnier est un véritable magicien. De la terre, sans doute, mais plus sûrement encore de ses éléments physiques les plus immatériels. Si le créateur est assimilé chez lui au scientifique et l’atelier à un « conservatoire nominal des arts et métiers », c’est qu’il y va en fait d’une quête extrême, proprement métaphysique, qui nous invite au-delà du monde des objets, à la recherche d’une énergie et d’une substance fondamentales.
SOTTEVILLE-LÈS-ROUEN, FRAC Haute-Normandie et YVETOT, galerie Marcel Duchamp, jusqu’au 17 décembre.
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Les folles alchimies de Guy Lemonnier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°522 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Les folles alchimies de Guy Lemonnier