Art ancien - Histoire

Les fastes de la cour de Bourgogne

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 1 juillet 2004 - 400 mots

DIJON

Leurs deux impressionnants monuments funéraires, portés par leurs cortèges de pleurants, trônent au centre de la salle des gardes de l’ancien palais ducal, à quelques volées de marches de l’exposition. Philippe le Hardi (1342-1404) et son fils Jean sans Peur (1404-1419), tous deux ducs de Bourgogne, sont à l’honneur au musée de Dijon pour avoir été des mécènes dispendieux. À la tête d’un duché riche et puissant, augmenté des comtés d’Artois et de Flandres après qu’il en eut épousé l’héritière, Philippe le Hardi était aussi fils et frère de roi (Jean le Bon et Charles V). Son impétueux successeur, Jean sans Peur, poursuivra son ambitieuse politique artistique, nourrie par la rivalité sanglante qui l’opposera à ses cousins Louis d’Orléans et le futur Charles VII, dont il finira par être victime.
Autour de la cour itinérante des ducs, entre Dijon, Paris ou Hesdin, gravitait ainsi toute une constellation d’orfèvres, enlumineurs, bâtisseurs, peintres ou sculpteurs, issus du milieu parisien ou du vivier flamand. En 1385, Philippe le Hardi fonde à quelques lieues de Dijon la Chartreuse de Champmol, chantier artistique majeur pendant près de trois décennies. Réduite en 1792 à quelques ruines romantiques dispersées dans un jardin anglais (devenu un hôpital psychiatrique), l’exposition lui consacre quatre salles où sont réunis des fragments de son décor, tel cet extraordinaire buste de Christ dû au flamand Claus Sluter (déjà actif sur le tombeau) provenant du célèbre Puits de Moïse (1395-1405), le grand calvaire jadis placé au centre du cloître, dont le socle orné de six prophètes, encore en place in situ, vient de retrouver sa polychromie originale après de longs travaux de restauration. Créateur de figures puissantes et réalistes, Sluter insuffla un vent de modernité dans la sculpture bourguignonne. Son neveu Claus de Werve, venu le seconder à Dijon dès 1396, œuvrera dans la région jusqu’à sa mort en 1439. Les deux anges du tombeau de Philippe le Hardi étant les seules réalisations qui lui soient attribuées avec certitude, l’exposition propose d’enrichir son catalogue d’autres sculptures, aux mêmes visages suaves et aux corps dissimulés sous de généreux drapés.

« L’art à la cour des ducs de Bourgogne, le mécénat de Philippe le Hardi et Jean sans Peur (1364-1419) », DIJON (21), musée des Beaux-Arts, palais des États de Bourgogne, tél. 03 80 74 52 70, jusqu’au 15 septembre. Cat. RMN, 49 euros. Ancienne Chartreuse de Champmol, centre hospitalier de la Chartreuse (renseignement au musée).

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°560 du 1 juillet 2004, avec le titre suivant : Les fastes de la cour de Bourgogne

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