Les étranges voyages de Ristelhueber

L'ŒIL

Le 1 septembre 1999 - 237 mots

Alors que nombre des photographies de Sophie Ristelhueber nous montrent des lieux arides, quasiment désertiques et inhabités, l’artiste semble avoir fait une entorse à cette règle en introduisant dans cet ensemble récent un portrait pictural. Ou, plus exactement, le report par impression numérique, sur une bâche immense de 450 x 250 cm, du détail d’un tableau du début du siècle, représentant une vieille dame assise. Cette image est accrochée sur le mur du fond de la galerie et domine les photographies (200 x 150 cm environ) marouflées sur aluminium, posées à même le sol comme de grands panneaux, et montrant des paysages d’Asie centrale, espaces frontaliers entre plusieurs pays dont rien n’indique la géographie ou le contexte précis. Curieusement, l’exposition porte le titre d’« Autoportrait ». On pense naturellement à l’image sur la bâche, mais ce n’est là qu’un autoportrait imaginaire qui contraste fortement avec le réalisme des photographies, autre manière d’exécuter des autoportraits, puisqu’il s’agit des lieux mêmes où s’est tenue l’artiste, de ses points de vue et de ses déplacements physiques. L’autoportrait serait donc moins ici une image de soi  qu’une part de l’espace et du temps occupé par un corps à travers des voyages qui forment aussi l’image que l’on a de soi, l’image à jamais perdue que l’on a laissée dans ces portions de terres lointaines. En ce sens, l’autoportrait est toujours emprunt de nostalgie. Comme ces paysages.

Galerie Arlogos, 9 septembre-24 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°509 du 1 septembre 1999, avec le titre suivant : Les étranges voyages de Ristelhueber

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