Art moderne

XXE SIÈCLE

Les décors nabis réunis au Musée du Luxembourg

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 24 avril 2019 - 537 mots

PARIS

Issues de différentes collections, une centaine d’œuvres nabis illustrent la contribution des symbolistes à la peinture décorative et leur volonté de faire entrer l’art dans le quotidien.

Paris. Fermé pour travaux jusqu’à l’automne, le Musée Maurice Denis conserve les éléments de six décors réalisés par des peintres nabis. Parmi eux se trouvent les sept panneaux et le plafond de La Légende de Saint-Hubert, peints en 1897 par Maurice Denis pour décorer le bureau du baron Denys Cochin. Il est possible de voir en ce moment cet ensemble (à l’exception du plafond) au Musée du Luxembourg. On y trouve aussi six des sept panneaux peints par Paul Ranson en 1895 pour la salle à manger de la Maison de l’Art nouveau (la galerie de Siegfried Bing), appartenant au même musée, ou encore Arabesque poétique dit encore L’Échelle dans le feuillage (1892) [voir illustration] de Maurice Denis, peint pour un plafond de l’hôtel parisien d’Henry Lerolle. Cette opportunité d’emprunter des œuvres majeures a permis à Isabelle Cahn, conservatrice des peintures au Musée d’Orsay et Guy Cogeval, directeur du Centre d’études des nabis et du symbolisme, de construire une exposition faisant découvrir un aspect assez méconnu de l’art des nabis : le décor.

Le visiteur est accueilli par le premier ensemble décoratif, un paravent réalisé par Pierre Bonnard en 1891 pour le Salon des indépendants. Le peintre a finalement trouvé que ces Femmes au jardin faisait « trop tableau pour un paravent » et il les a désassemblées. Ces quatre feuilles appartiennent maintenant au Musée d’Orsay. Cependant, l’un des objectifs de cette exposition était aussi de pouvoir réunir des membres épars de décors démontés. Si le septième panneau de Ranson pour la salle à manger de la Maison de l’Art nouveau est resté au Musée de Niigata, au Japon, les quatre panneaux de petite taille peints par Maurice Denis pour une chambre de jeune fille sont réunis : deux sont conservés à Orsay, un aux Pays-Bas et un en Allemagne. De même, le Musée d’Orsay a pu organiser les retrouvailles de ses panneaux des Jardins publics (1894), peints par Édouard Vuillard pour la pièce à vivre de l’hôtel d’Alexandre Natanson, avec celui qui se trouve à Houston, La Promenade.

Un autre décor du même peintre apparaît dans toute sa splendeur : L’Album (1895), évocation très poétique de la vie de femmes dans leur intérieur réalisé pour Misia, alors l’épouse de Thadée Natanson. Des cinq panneaux vendus séparément, quatre sont partis dans diverses collections américaines (et, malheureusement, pourvus de cadres différents) et l’un d’eux n’a pu revenir pour l’exposition. Près d’eux, les quatre grands panneaux de Vuillard (Personnages dans un intérieur, 1896), peints pour le docteur Vasquez et que l’on peut habituellement admirer au Petit Palais, semblent beaucoup plus bourgeois et quelque peu étouffants.

Paul Sérusier a réalisé entre 1897 et 1899 plusieurs décors pour le château de l’Ermitage de Georges Lacombe. Séparés par la suite, des éléments sont présentés ici dont La Vision près du torrent ou Le Rendez-vous des fées (vers 1897) conservé à Gifu (Japon), lointaine réponse à Vision après le sermon de Gauguin. Des objets décoratifs et des projets de papiers peints, d’abat-jour, d’éventails et de vitraux complètent cette passionnante évocation de la contribution des nabis aux arts décoratifs.

Les nabis et le décor,
jusqu’au 30 juin, Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, 75006 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°522 du 26 avril 2019, avec le titre suivant : Les décors nabis réunis au Musée du Luxembourg

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