Art ancien

Besançon (25)

Les Chines galantes de François Boucher

Musée des beaux-arts et d’archéologie - Jusqu’au 2 mars 2020

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 22 janvier 2020 - 316 mots

Pourquoi François Boucher, Premier peintre du roi, directeur de l’Académie et illustrateur de Molière, est-il pendant une dizaine d’années le promoteur de la Chine en France ? Et pourquoi les scènes qu’il compose sont-elles à la fois des représentations fidèles des usages de l’empire du Milieu et des fantasmes loin de la réalité locale ? Première manifestation d’envergure depuis la réouverture du musée, cette exposition reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture apporte les réponses à ces questions.

On l’ignore souvent, au moment où triomphe la mode de l’exotisme oriental, Boucher est déjà un insatiable collectionneur d’art chinois. Sa collection est prodigieuse. Avec Watteau et Gersaint dont la boutique s’appelle À la pagode, ils forment un trio d’amateurs des chinoiseries qui affluent chez les marchands merciers. L’originalité et la diversité de ces pièces façonnent chez lui une culture visuelle asiatique inégalée par les autres artistes. Il puise ses motifs dans les porcelaines, bronzes, statuettes, laques, vases, tous objets aussi gracieux que curieux dont on voit sous une pagode modernisée dressée à l’entrée du parcours une superbe sélection. Le talent de Boucher lui vaut de recevoir en 1742 la commande d’une tenture pour la Manufacture royale de Beauvais. Il exécute dix « petits cartons » conservés depuis 1819 à Besançon, décrivant un quotidien chinois raffiné avec danse, foire, pêche et festin. Six de ces modelli servent pour réaliser la série des tapisseries présentée au complet pour la première fois depuis la fin du XVIIIe siècle et accrochée dans la salle centrale. Une occasion plus que rare de les voir ! La confrontation des œuvres offre au visiteur un exercice séduisant. Stimulée par des récits de voyage, l’imagination de Boucher fait merveille et la sensualité de son pinceau s’exprime dans les gestes et les couleurs. Une primauté retrouvée dans ses créations décoratives comme ces deux charmants dessus-de-porte en camaïeu bleu à bordure rocaille pour le château de Choisy.

« Une des provinces du rococo, la Chine rêvée de François Boucher »,
Musée des beaux-arts et d’archéologie, 1, place de la Révolution, Besançon (25), www.mbaa.besancon.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°731 du 1 février 2020, avec le titre suivant : Les Chines galantes de François Boucher

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