Les « chefs-d’œuvre » du FRAC

Sur quarante-cinq mètres de long, les dix travées voûtées d’arc en plein cintre qui le rythment offrent un espace d’expositions tout à fait singulier. Celle imaginée pour cet été en appelle à la notion de chef-d’œuvre, si prisée du monde de l’art. Non seulement dans la quête toujours espérée de l’atteindre mais aussi dans ce jeu de confrontation et de dialogue avec l’autre, qui y est parvenu et auquel on cherche à emprunter ses moyens. Ainsi, sur
le mode du musée virtuel, le FRAC Limousin a-t-il réuni un certain nombre d’œuvres de sa collection qui se fondent sur la copie, le pastiche ou la citation. C’est dire si elles interrogent la question du modèle et, partant, de l’original, au cœur d’une dialectique qui se plaît à jouer de la confusion entre référence et réplique dans une forme d’appropriation caractéristique d’une époque préoccupée par le concept de droit d’auteur. Articulée autour de figures d’artistes incontournables, comme Mondrian, Duchamp et Warhol, ou de tendances dominantes, comme la peinture gestuelle et le monochrome, cette « collection de chefs-d’œuvre » témoigne autant d’une crise identitaire que d’une impertinence délibérée par rapport à la question cruciale du « Quoi faire ? »
La Suite photographique (1987) de Jean-Claude Lefevre d’après le parcours de Cadéré de 1974 en
est, parmi d’autres, un éclatant témoignage, tout comme le Mondrian vert (1991) de Georg Ettl ou Dash 3 (1989) d’Ernest T., reprise en compte des boîtes en volume de Warhol.
Dans tous les cas, une double leçon d’histoire de l’art, au passé et au présent !