Albertina, Vienne

Les bonnes feuilles du Blaue Reiter

Jusqu’au 15 mai 2011

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 14 mars 2011 - 345 mots

Apparu en Allemagne au début du xxe siècle, le mouvement expressionniste procède de la fédération successive de deux mouvements : Die Brücke, à Dresde en 1905, et Der Blaue Reiter, à Munich en 1911.

Si ce dernier rassemble des artistes aussi divers que Kandinsky – qui en est l’instigateur –, August Macke, Franz Marc, Gabrielle Münter, Marianne von Werefkin, Alexei von Jawlensky et quelques autres, tous partagent le même intérêt pour la couleur et usent d’un même vocabulaire de formes rudimentaires. Fortes des recherches plastiques qui animent les avant-gardes de cette époque, leurs œuvres se donnent à voir dans une joyeuse et prospective polyphonie formelle.

Parce qu’il a eu l’occasion en 1957 d’acquérir plus de quatre cents œuvres de Gabriele Münter – laquelle fut la compagne de Kandinsky –, le Lenbachhaus de Munich a choisi de renforcer au fil du temps ses collections du côté de Der Blaue Reiter. Autour de ce mouvement, l’ensemble de dessins et d’aquarelles qui sont réunis ce printemps à l’Albertina de Vienne – dont certains issus aussi de ses collections  –, auquel ont été jointes quelques pièces de Delaunay, Klee et Kubin, est l’occasion de revisiter une période particulièrement féconde. Il permet notamment de mettre en exergue une forme d’expressionnisme qui penche plus vers le rêve que le drame et le quotidien que l’universel, bref une production davantage portée par le sensible et le poétique que par le pathos ordinairement attendu de ce type d’esthétique.   

Par ailleurs, le choix qui a été fait de ne présenter là que des œuvres sur papier souligne l’importance accordée par ces artistes à toute une production plus légère et plus rapide, au plus près d’une première pensée. Quelque chose d’une intimité y est dévoilé qui participe à excéder ce rapport à l’affect qui fonde l’expressionnisme, dès lors qu’il convient de l’appréhender à l’ordre de cette « nécessité intérieure » si chère à Kandinsky et à sa théorie « Du spirituel dans l’art ».

Voir

« Der Blaue Reiter. Aus dem Lenbachhaus und der Albertina », Albertina, Albertinaplatz 1, Vienne (Autriche), www.Albertina.at, jusqu’au 15 mai 2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°634 du 1 avril 2011, avec le titre suivant : Les bonnes feuilles du Blaue Reiter

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