Paris 1er

Les artifices de la silhouette

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 22 août 2013 - 375 mots

« Il n’y a pas de corps naturel, mais un corps culturel. » Ainsi se conclut l’exposition « La Mécanique des dessous » consacrée aux artifices dissimulés sous les vêtements et destinés à modifier la silhouette selon les exigences d’une époque.

Elle est la première à s’intéresser non pas à la lingerie, mais à toutes les « structures », les « échafaudages », les « machines qui visent à produire une transformation du corps », comme les définit Denis Bruna, conservateur Mode et textile au Musée des arts décoratifs et commissaire de l’exposition. Loin de la futilité à laquelle les éléments de costume furent longtemps cantonnés, celui-ci les considère « comme de véritables documents d’histoire » à partir desquels se dessinent les usages d’une société.

Dans une scénographie épurée et sombre, en raison de la fragilité des tissus exposés, le parcours chronologique présente l’ensemble des artifices à nu, des supports de fraise du XIVe siècle à la gaine du XXe siècle, souvent plus étonnants dans le vestiaire des hommes. Dès le Moyen Âge, le pourpoint, comme celui de Charles de Blois, parvenu jusqu’à nous comme une relique, augmente la carrure de l’homme, bombe son torse. Les braguettes proéminentes de la Renaissance et les faux mollets du XIXe siècle exacerbent la virilité et les gaines offrent un ventre plat aux messieurs de la IIIe République. Chez la femme, les corsets et les corps à baleines imposent un maintien droit digne de l’aristocratie : la silhouette est un enjeu de classe.

Exhaustive, l’exposition aborde également la question du corps enfantin et adolescent. Dès leur plus jeune âge pour lutter contre « l’amollissement » de leur silhouette, filles et garçons portent des corsets adaptés. Enfin, elle évoque le relais pris par la chirurgie esthétique dans les modifications apportées au corps. Indissociables du corps en mouvement, certains artifices sont articulés par de petites mécaniques pour mieux comprendre comment ils s’ajustaient. Le musée a aussi fait appel à l’Atelier Caraco pour recréer à l’identique quelques éléments comme une queue d’écrevisse, un corset et un corps à baleines, qui peuvent être essayés pour en saisir leur impact réel sur la silhouette.

Infos pratiques

« La mécanique des dessous », jusqu’au 24 novembre, Musée des arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, Paris-1er, www.lesartsdecoratifs.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°660 du 1 septembre 2013, avec le titre suivant : Les artifices de la silhouette

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