L’Égypte pharaonique par le petit bout de l'amulette

Par Bérénice Geoffroy-Schneiter · L'ŒIL

Le 26 juillet 2007 - 335 mots

De l’art égyptien, le public ne retient bien souvent que le caractère grandiose des statues de pharaons, la majesté des temples couverts d’inscriptions, la dimension funéraire des statuettes ou des momies découvertes dans les tombes. C’est précisément cette alliance subtile d’ésotérisme et de mystérieux qui attire des foules de visiteurs sur les rives du Nil comme dans les salles des musées. Pour preuve, l’extraordinaire succès que vient tout juste de remporter l’exposition du Grand Palais consacrée aux fouilles sous-marines d’Alexandrie (lire L’œil n° 586).
Aux antipodes de cette veine colossale et spectaculaire, le musée des Arts décoratifs de Bordeaux propose une vision infiniment plus intime, plus « humaine » de l’Égypte pharaonique. Celle des amulettes protectrices et des gris-gris que l’on portait sur la poitrine, avant de les glisser entre les bandelettes de momies ; celle des palettes à fards ou des pots à onguents que les coquettes emportaient, elles aussi, dans la tombe, pour effectuer « en beauté » leur voyage dans l’au-delà ; celle, enfin, de ces calices et de ces bols en faïence irisée, dont l’élégance épurée et le « modernisme » devraient fasciner bien des designers…
On devine un œil infaillible derrière ce rassemblement de pièces modestes par la taille mais exceptionnelles par leurs qualités esthétiques : celui du major anglais William Joseph Myers qui constitua, à la fin du xixe siècle, l’une des plus magnifiques collections d’art décoratif égyptien au monde, avant de la léguer à son ancienne école, le prestigieux collège d’Eton.
Montrés en France pour la première fois, ces chefs-d’œuvre miniatures – céramiques, bijoux, verreries, effigies divines coulées dans l’or ou le bronze, poupées, amulettes, et même un splendide portrait du Fayoum ! – bousculent avec éclat la stérile distinction opérée entre les « Beaux-Arts » et les autres disciplines dites « mineures ». Une césure qui aurait semblé bien saugrenue pour les Égyptiens, chez qui le mot « art » n’existait même pas  !

« Égypte, trois mille ans d’art décoratif. Musée Myers, collection du Collège d’Eton », musée des Arts décoratifs, 39, rue Bouffard, Bordeaux (33), tél. 05 56 10 14 00, jusqu’au 2 juillet 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°591 du 1 mai 2007, avec le titre suivant : L’Égypte pharaonique par le petit bout de l'amulette

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