Lee Ufan : art à infusion lente

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 30 mai 2008 - 257 mots

Difficile de laisser s’exprimer le souffle ascétique de Lee Ufan dans l’espace un poil désuet des salles « Delporte » des Musées royaux.

C’est particulièrement vrai pour les sculptures – rencontres toujours recommencées de pierres rugueuses ovoïdes et de plaques ou tiges d’acier – sacrifiées dans des zones de passage mal éclairées. Pas simple d’y installer de tels dispositifs à résonances.
Reste que l’exposition vaut pour la belle sélection de peintures, toutes issues de la série des Correspondances engagée par l’artiste coréen dans les années 1980 : une large et épaisse touche de gris appliquée au pinceau sur une grande toile à fond blanc. Parfois combiné en panneaux, parfois directement brossé sur le mur, souvent solitaire et vertical ou mis en relation vibrante avec d’autres, ce geste/signe parfaitement maîtrisé prend la mesure épurée des préoccupations de Lee Ufan. La touche grise gorgée de matière dépose une couche légèrement renflée sur la toile et exécute une partition répétitive sans qu’on puisse pour autant identifier un programme de répartition précis. Seul événement sur la surface de la toile, le rectangle de peinture semble comme signaler la position de l’artiste. Il formule un geste et sa temporalité, un geste répété mais unique.
Liens entre les parties, dialogues entre les parties et le tout, les toiles rassemblées à Bruxelles n’en finissent pas d’établir des relations, de se singulariser et livrent finalement des espaces de projection à infuser lentement.

Voir

« Lee Ufan », Musées royaux des beaux-arts de Belgique, 3, rue de la Régence, 1000 Bruxelles (Belgique), www.fine-arts-museum.be, jusqu’au 29 juin 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°603 du 1 juin 2008, avec le titre suivant : Lee Ufan : art à infusion lente

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