Le Triage aux couleurs de la Finlande

L'ŒIL

Le 1 mai 2004 - 425 mots

Pour sa troisième exposition, Le Triage propose de découvrir une quinzaine de jeunes artistes finlandais. Si cette scène artistique est davantage connue pour la vidéo et la photographie, l’exposition conçue par Cécile Marie – déjà commissaire des deux précédentes – prouve que la peinture reste bien vivante. Une vitalité qui éclate d’abord par les couleurs saturées, le plaisir de peindre et l’énergie qui se dégagent de la plupart des créations. Trois axes principaux traversent ces dernières : la place de l’image dans la société finlandaise, la condition romantique et le rapport au paysage, la présence de la femme.
Si certains des artistes sont déjà (re)connus dans leur pays, ils sont des découvertes pour nous.
Des fiches biographiques et des cartels clairs renseignent le visiteur, initiative suffisamment rare dans
les expositions d’art contemporain pour être soulignée. Chacun interroge ici la peinture et ses limites : le travail de Maiju Salmenkivi prend ainsi des allures d’installation. Au fond de la première salle, une œuvre monumentale occupe la totalité du mur, comme un écran de cinéma. Sur le mur latéral de gauche sont accrochées une multitude de peintures de petit format reprenant des détails de la composition principale. Il y a là un rapport au film et à la photographie. Jani Leinonen propose également une installation. La peinture est ici un moyen de communication, une façon de montrer que le marché de l’art est un marché comme un autre, qui instruit le même rapport entre la production et la consommation. L’artiste brouille nos repères en reprenant des logos de marques connues qui deviennent des motifs picturaux et en offrant au visiteur un petit magazine rappelant les catalogues de vente par correspondance. Jussi Niva renvoie au cinéma par une technique irréprochable, la fixation d’un mouvement, d’un élan, traitant du paysage par l’expression de la vitesse. Le rapport à l’autre, la question de l’identité sont au cœur des préoccupations de la majorité des artistes retenus. La peinture de Leonora Fredriksson s’inscrit dans une tradition du portrait, pour s’en détacher aussitôt par des éléments qui font basculer les visages dans l’étrange : un homme est affublé d’oreilles d’ours, une femme assise sur une balançoire arbore une tête d’éléphant, au milieu d’un paysage typiquement finlandais.
Les personnages de Mari Sunna, figures étranges entre abstraction et figuration, nous renvoient à ce que l’on ne connaît pas de l’autre, et à ce que l’on ignore aussi de soi.

« Vasta Maalattu/Peinture fraîche », NANTERRE (92), Le Triage, 1 rue Noël Pons, tél. 01 56 05 05 03, 13 mars-27 mai, catalogue, 88 p., 15 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°558 du 1 mai 2004, avec le titre suivant : Le Triage aux couleurs de la Finlande

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