Le Salon épate la Galerie

Elle regroupe en effet soixante-dix des cinq cent quarante œuvres qui furent accrochées cette année-là dans la Grande Galerie du Louvre. Année doublement importante, autant pour l’histoire que pour l’art. Les meilleurs artistes de l’Académie exposent à ce Salon, le sixième organisé sous le règne de Louis XIV. Son président est le sculpteur Antoine Coysevox, Hardouin-Mansart en est le protecteur. Deux célèbres dynasties de peintres, les Coypel et les Boullogne, occupent une place majeure. De grands noms, Jouvenet, Rigaud, Nicolas de Largillierre, Charles de La Fosse, les entourent.

Mais 1704 est aussi une date charnière dans l’évolution des styles, qui s’ouvrent à d’autres influences. Au lendemain de la querelle des coloris, Poussin et le dessin s’effacent devant Rubens et la couleur. Le baroque pointe sous le classicisme. Dans le même temps, la hiérarchie des genres est bousculée, et la peinture d’histoire cède le pas face au portrait et à la nature morte. 
Le Salon reflète ces nouvelles approches esthétiques et consacre la montée d’une nouvelle génération d’artistes, comme André Bouys, dont on remarque trois portraits (deux huiles et une manière noire) de Marin Marais, et François Desportes, qui exécute une ardente Chasse au sanglier. Pour bien affirmer sa place, il appose à côté de son nom la date révélatrice de ce changement de mentalité, 1704.