Patrimoine

Le « printemps arabe » épargnera-t-il le patrimoine ?

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 14 avril 2011 - 404 mots

Désormais, les regards sont rivés vers la Méditerranée. Et si le patrimoine libyen subissait des dommages comparables à ceux qu’a connu l’Afghanistan ?

Les situations de guerre ou d’insurrection révèlent en effet cruellement la vulnérabilité du patrimoine culturel. Les révolutions agitant le monde arabe viennent encore de la rappeler. 

L’Unesco, un pouvoir d’intervention limité
Début mars, les responsables de l’Unesco ont ainsi manifesté leur plus vive inquiétude concernant la situation égyptienne, après les vols au musée du Caire et la multiplication des pillages de sites archéologiques. « Nous ne connaissons pas toute la vérité », a admis Irina Bokova, directrice générale de l’organisation internationale. Une mission de l’Unesco a été envoyée sur place afin d’établir un premier diagnostic. Gihane Zaki, chef de la délégation égyptienne à l’Unesco, a confirmé pour sa part que la situation était très délicate. Le 5 mars, un groupe armé attaquait un site archéologique, faisant plusieurs blessés. À Saqqarah, des tombes auraient été sciées des murs. « Il faut avouer qu’une grande partie du patrimoine est aujourd’hui perdue », a reconnu Gihane Zaki, appelant à une intervention internationale identique à celle qui avait permis le sauvetage des sites nubiens, menacés dans les années 1960 par la construction du barrage d’Assouan. Mais sans volonté égyptienne, l’Unesco reste toutefois bien impuissante pour agir. « Nous ne sommes pas l’OTAN, nous ne pouvons pas envoyer de troupes », a reconnu Francesco Bandarin, directeur du Centre du patrimoine mondial, rappelant que l’Unesco ne pouvait que s’appuyer sur les forces locales.

Ce dernier s’est par ailleurs félicité de l’action du nouveau ministre de la Culture tunisien, Azedine Beschaouch, car dans ce pays aucun dommage n’a été constaté depuis la chute du régime Ben Ali. Archéologue de formation, le ministre de la Culture aurait toutefois lancé un moratoire concernant les permis de construire délivrés sur le site de Carthage, vampirisé par l’emprise foncière du palais présidentiel. Désormais, c’est plutôt vers la Libye, où cinq sites sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial (dont Cyrène et Leptis Magna), que les regards se tournent, en espérant que ces vestiges tout comme le très riche musée archéologique de Tripoli ne subissent pas un sort tragique. Le 23 mars, l’Unesco a ainsi appelé la coalition internationale à respecter la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé (La Haye, 1954), en faisant en sorte que les sites culturels ne soient pas la cible d’opérations militaires.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°635 du 1 mai 2011, avec le titre suivant : Le « printemps arabe » épargnera-t-il le patrimoine ?

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