Le portrait dans les collections troyennes

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 octobre 2005 - 503 mots

Est proposée ici une histoire de l’art du portrait, du début du XVIIe à nos jours, en particulier celle de la représentation du visage.

On parle beaucoup d’un retour à la peinture et, force est de le constater, celle-ci est l’objet d’une attention qu’on ne lui connaissait plus. Il en est ainsi des effets d’époque qu’ils réactivent certaines pratiques comme certains genres. Celui du portrait n’est pas en reste. S’il est l’un des tout premiers à avoir été appréhendé par les techniques les plus diverses, et ce depuis les temps les plus anciens, il n’a pas toujours connu la même faveur. L’époque contemporaine semble bien lui prêter un nouvel intérêt. C’est du moins fort de cette réflexion que le musée d’Art moderne de Troyes a décidé d’organiser une exposition autour de ce thème, à partir de ses propres collections, de celles du musée des Beaux-Arts et en association avec le Frac Champagne-Ardenne. L’idée est de faire valoir ce qu’il en est de la prégnance et de la récurrence de ce genre dans une période allant du début du XVIIe à nos jours. Une façon de « portrait du portrait » dans les collections troyennes.

Un genre récurrent
Si, comme le dit Emmanuel Coquery, directeur du musée d’Art moderne et commissaire de l’exposition, le propos n’est pas d’envisager le portrait « dans son rapport au social, comme “miroir” d’une société contemporaine », c’est qu’il y faudrait un nombre considérable d’œuvres afin de rendre compte au plus serré du phénomène. Aussi l’exposition compose-t-elle avec l’existant des collections ad hoc – de Vigée-Lebrun à Yan Pei-Ming en passant par Greuze, Courbet, Vallotton, Van Dongen et Modigliani notamment. L’angle de vue revendiqué demeure expressément celui de l’histoire de l’art, c’est-à-dire « du rapport d’une forme à un sens ». À ce compte, il n’est rien de plus passionnant, non de jouer la comparaison plastique d’une époque à l’autre mais d’apprécier les différentes manières de représentation de soi à travers les quatre siècles traversés. D’autant que les œuvres présentées ne sont pas uniquement le fait d’artistes réputés mais aussi d’inconnus, tant il est vrai que ce n’est pas le nom qui fait nécessairement la qualité.
Organisée en sept sections, visant à démêler les problématiques du genre, ses modalités de traitement, ses récurrences thématiques, iconographiques ou formelles et son actualité, l’exposition troyenne s’interroge finalement sur la nature substantielle du genre. La question du visage y est donc posée de façon centrale et placée sous l’autorité magistrale d’un exergue signé Sartre : « Si l’on appelle transcendance cette propriété qu’a l’esprit de se dépasser et de dépasser toute chose ; de s’échapper à soi pour s’aller perdre là-bas, hors de soi, n’importe où, mais ailleurs, alors le sens d’un visage c’est d’être la transcendance visible. » Le portrait comme image d’une projection de soi, tout à la fois proche et lointaine, présente et mémorable, ici et au-delà : c’est encore là, la leçon de cette singulière réunion.

« En mémoire de moi, le portrait dans les collections troyennes », TROYES (10), musée d’Art moderne, 14 place Saint-Pierre, tél. 03 25 76 26 80, 2 juillet-30 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°573 du 1 octobre 2005, avec le titre suivant : Le portrait dans les collections troyennes

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