Le portrait ce manifeste

L'ŒIL

Le 26 avril 2012 - 237 mots

Autoportrait, portrait, une double démarche qui veut représenter le moi « dans sa forme éternelle » selon Beckmann, en évitant la ressemblance défendue jadis par l’Académie.

L’exercice est délicat. Défigurer aboutit parfois à transfigurer. Il est pour les artistes du siècle écoulé un défi passionnant qui exige sincérité et imagination. Le modèle devient le faire-valoir de cette quête de vérité et d’identité. Faire un portrait équivaut à signer un manifeste.    

Du mystère de l’âme au plaisir de l’imperfection en passant par la permanence de l’être, la sélection retenue propose cinq approches habilement articulées pour cerner comment à travers cubisme, surréalisme, fauvisme ou d’autres mouvements, peintres et sculpteurs ont abordé « le questionnement du soi ». Entre les visages anonymes, comme Le Groom, que Soutine saisit dans sa livrée rouge, et ceux des célébrités comme Maurice Ravel, que Manguin capte dans un clair-obscur, s’intercale une ample galerie de faces et de profils appelant le spectateur à un vis-à-vis constant. Nous partageons la mélancolie que Modigliani infuse à Dédie, nous admirons la force qui sourd du Chaliapine de Grigorieff, nous faisons silence devant La Muse endormie de Brancusi. 

La simplicité voulue de l’accrochage rend les tableaux accessibles au regard de tous les points de l’atrium. Les soixante-quatre chefs-d’œuvre trouvent ainsi un cadre parfaitement adapté à autant de « plongées » dans les personnes.

« Portraits, collections du Centre Pompidou »

Fondation Pierre Gianadda, rue du Forum, 59, Martigny (Suisse), www.gianadda.ch

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°646 du 1 mai 2012, avec le titre suivant : Le portrait ce manifeste

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