Le maestro Condo

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 26 juin 2009 - 277 mots

À travers une centaine d’œuvres (peintures, dessins et sculptures), « la civilisation perdue », expo-rétrospective, brosse, aux côtés de vanités, de natures mortes et de nus grotesques, le portrait détonant de personnages grimaçants qui sont comme autant de gueules cassées, de rongeurs façon cartoon et de pieds nickelés qui s’éclateraient à mettre les pieds dans le plat de Picasso.

Le musée Maillol, avec une spatialisation impeccable des œuvres, sert sur un plateau l’art facétieux de l’Américain George Condo (né en 1957), ex-stagiaire à la Factory de Warhol devenu, depuis les années 1980, l’un des artistes vivants les plus influents. Chez cet érudit, la grande peinture côtoie le médiocre. Mais, loin d’être une simple peinture citationnelle, il s’agit de pasticher tous les styles connus afin de donner une version « abstraite-figurative » de l’histoire de l’art.
C’est avec le regard de la grenouille, « animal hallucinatoire », que le maestro Condo met en perspective ses visions des corps et des espaces : naît alors une peinture hybride, voire schizophrène, qui fait du neuf avec de l’ancien tout en construisant un langage pictural personnel. Malgré la surabondance des images-sources, un Condo se reconnaît toujours : par sa touche virtuose, son art d’avancer masqué (hommage au passé ? jeu de massacre ?) et sa gifle donnée au bon goût. Pour l’apprécier comme il se doit, il faut cependant accepter, à l’instar de son histrion d’auteur, que la peinture soit une culture qui devienne un musée et un terrain de je(u) où tous les coups sont permis.

Voir

« George Condo : la civilisation perdue », fondation Dina Vierny, musée Maillol, 61, rue de Grenelle, Paris VIIe, www.museemaillol.com, jusqu’au 17 août 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°615 du 1 juillet 2009, avec le titre suivant : Le maestro Condo

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