Le graphisme passe à l’heure suisse

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 30 mai 2008 - 373 mots

Depuis 2003, le festival de Chaumont est devenu « le » rendez-vous français des arts graphiques, une référence.

Les professionnels et le grand public affluent toujours plus nombreux dans cette petite ville tranquille de la Marne, réveillée à coups d’expositions ambitieuses et par un goût de l’expérimentation bien réjouissant. Et cette année, le festival déborde encore un peu plus en laissant les Français Fanette Mellier, jeune espoir graphique, et Pierre di Sciullo, typographe émérite, recouvrir les murs chaumontais de leurs propositions dynamiques.
Le festival aime choisir un pays ou une scène qu’il articule avec une exposition historique déployée aux Silos/Maison de l’Affiche et du Livre. Puisque cette année Zürich est l’élue, le père du « Style international », Josef Müller-Brockmann (1914-1996), est mis à l’honneur avec ses propositions fermes, dépouillées et très constructivistes. Cette sommité du graphisme à la suisse a durablement imprimé son empreinte sur l’identité du graphisme helvétique, mais, comme l’exposition de la jeune scène au Garage le démontre, le carcan est en train de sauter.
L’ordre et la raison suisses sont chahutés par une « nouvelle vague » essentiellement concentrée dans le canton de Zürich. Le commissaire de l’exposition, Martin Lötscher, y dirige le magazine SoDA, petit bijou graphique dont la charte et l’inventivité se renouvellent à chaque parution. Et lorsque les trublions de Flag ou les orfèvres de Moiré s’y déchaînent, le résultat fait des jaloux. À découvrir dans une ambiance de camping : dépaysement assuré !
À cette énergie débridée répond l’inspiration de Paul Cox, invité dans la fameuse chapelle des Jésuites. Exercice d’exposition complexe auquel le graphiste britannique répond avec Le Boulingrin d’Oncle Toby, une table de 130 mètres carrés, entre paysage et topographie, imaginaire et ludique.
Point d’orgue des graphistes du monde entier et des étudiants, le festival organise aussi deux concours et expose les meilleures affiches, histoire de prendre la température du moment. Et enfin, avec « Le cri du papier », les affiches de mai 1968, déjà exposées un peu partout en France, prennent une tout autre dimension, mises en regard d’affiches contestataires historiques. L’aventure commence avec une caricature de 1890, une belle relecture en perspective. n
Bénédicte Ramade

« Festival de l’affiche et du graphisme », Chaumont (52), jusqu’au 6 juillet 2008, www.ville-chaumont.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°603 du 1 juin 2008, avec le titre suivant : Le graphisme passe à l’heure suisse

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