Le Frac s’installe à l’hôtel

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 1 mai 2004 - 388 mots

Alors qu’étaient célébrés l’an passé les vingt ans des Fonds régionaux d’art contemporain (Frac, cf.
L’Œil n° 549), peu d’observateurs relevaient l’indigence de certaines de ces institutions.
Ainsi en Lorraine, ces vingt années d’existence auront été synonymes de combat et d’itinérance entre
la région et les pays frontaliers, entre salles conventionnelles et anciennes usines, entre espaces publics et privés, faute de locaux pour accueillir la collection. « Lorsque je suis arrivée à la direction du Frac en 1993, raconte Béatrice Josse, l’institution n’avait eu jusqu’alors ni équipe, ni directeur. La région manifestait à son égard un rejet total. Un matin, j’ai même retrouvé mes affaires dans un camion : mon bureau avait été attribué à quelqu’un d’autre ! » Revigorée par l’hostilité affichée des élus locaux, l’ancienne juriste ne désarme pas. Elle met en mouvement la collection, malgré la censure qui menace ses expositions et ses acquisitions. Pour susciter un sentiment d’appropriation de la population, Béatrice Josse s’appuie sur l’association des Amis du Frac, créée en 1998. Avec eux, elle organise trois étonnants « Accrochages entre amis » : le temps d’un week-end, les « amis » exposent chez eux et au public, qui se déplace en masse, des œuvres de la collection. L’activisme porte ses fruits. En 1999, la Région rachète un bâtiment historique du centre ville de Metz pour loger le Frac, l’hôtel Saint-Livier, patchwork architectural surmonté d’une tour-pigeonnier du Moyen Âge. Aujourd’hui, alors que le Frac prend ses quartiers dans l’odeur de peinture fraîche du « White Cube » modelé par Jean-François Bodin, Béatrice Josse n’entend pas baisser la garde. Baptisé du nom de ses coordonnées géodésiques, 49 Nord 6 Est, le bâtiment n’a pas vocation à devenir le mausolée du Frac, même si un « monument aux morts », longue liste des artistes de la collection peinte à la chaux,
orne l’un de ses murs. « Le Frac, qui accueillera des critiques d’art en résidence, doit devenir une machine à penser », soutient Béatrice Josse.
Et de se féliciter, non sans ironie, de l’installation d’une antenne du Centre Pompidou dans la ville. « Sa présence nous permettra de nous tourner vers une programmation plus pointue… »

49 N 6 E, Frac Lorraine, 1 bis rue des Trinitaires. Exposition inaugurale : « White Spirit », 15-30 mai. Nuit de l’art contemporain le 15 mai ; www.fraclorraine.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°558 du 1 mai 2004, avec le titre suivant : Le Frac s’installe à l’hôtel

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