Bande dessinée

Le fabuleux dess(e)in de Tomi Ungerer

Par Céline Piettre · L'ŒIL

Le 7 janvier 2008 - 368 mots

Né en 1931, cet illustrateur de renommée mondiale, qui a longtemps travaillé à New York, lègue dessins et documents à Strasbourg depuis 1975. Des dons qui sont aujourd’hui devenus un musée...

Rares sont les artistes qui ont le privilège d’assister à l’inauguration de leur propre musée, encore moins dans l’univers très confidentiel du dessin – médium souvent délaissé au profit de la toute puissante peinture. Par chance, et surtout grâce à la ténacité des musées de la ville de Strasbourg, Tomi Ungerer est l’un de ceux-là.

Des contes pour enfants aux dessins érotiques
Le 26 octobre dernier, à soixante-seize ans, l’illustrateur prolifique coupait d’une paire de ciseaux en jambes de femme et conçue par ses soins, le ruban du premier musée français dédié à un dessinateur vivant : lui-même ! Quant au choix de Strasbourg comme terre d’accueil, rien d’étonnant pour cet Alsacien cosmopolite, qui commence, dès 1975, à donner à sa ville natale une grande partie de ses œuvres graphiques et sa monumentale collection de livres et de jouets.
Confortablement installé dans la Villa Greiner, demeure bourgeoise de style néoclassique datant du xixe siècle, le nouveau musée Tomi Ungerer présente, en alternance, quelque trois cents dessins originaux, sur les huit mille conservés par l’institution. Avec pour seul écrin le blanc des murs et du sol rehaussant, par contraste, le trait rapide et acéré des caricatures à l’encre de Chine et les tonalités vives des affiches publicitaires. Une muséographie sobre, presque transparente, toute à la gloire des impertinences fertiles de Tomi Ungerer.
En invités attendus, l’édition originale des Trois Brigands ou du Géant de Zeralda, récits pour enfants à qui le dessinateur doit sa célébrité. Si le rez-de-chaussée leur est entièrement réservé, ainsi qu’à d’autres contes plus récents, le premier étage expose les publicités et le dessin satirique de la période new-yorkaise. Esquisses érotiques et danses macabres, en troublantes clandestines, sont visibles au rez-de-jardin. On rencontre parfois, au détour d’une salle, une ou deux sculptures aux lignes aiguisées à force d’ironie.
Partout, se tapit le même humour noir, nourri aux angoisses et aux bonheurs de l’humanité. Et Tomi Ungerer, en fin observateur de son époque, mérite plus que tout autre la consécration des muses et la reconnaissance du public français.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°598 du 1 janvier 2008, avec le titre suivant : Le fabuleux dess(e)in de Tomi Ungerer

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