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Le dynamisme de la scène artistique tchèque

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 novembre 2002 - 383 mots

Pas besoin d’une leçon d’histoire pour constater que l’évolution de l’art du XXe siècle est étroitement liée à des perfectionnements et des découvertes technologiques, techniques et même scientifiques. Les inventions du néon, de la vidéo, du numérique ont très rapidement été « récupérées » par les artistes et la scène artistique tchèque ne fait pas exception. L’exposition « Lanterna Magika » se propose donc de dresser un historique des artistes inventeurs en sélectionnant cinq des plus illustres représentants. En regard de cette présentation de grands noms inconnus pour le public français, quatre jeunes artistes démontreront que les guillemets qui accompagnaient avec déférence l’appellation « art des pays de l’Est » depuis l’explosion du bloc communiste, ne semblent plus avoir de justification. Au cœur de l’articulation historique, les découvertes et les innovations sont allées bon train, de la première sculpture lumineuse de Zdenek Pesanek à la première fusée de haute altitude conçue pour la NASA dans les années 1950 par Franck Melina en passant par les scénographies avant-gardistes de Josef Svoboda. En explorant son travail, on découvre avec étonnement qu’il créait déjà en 1958 des spectacles multimédia, plongeant des acteurs dans des projections de films ou de photos, faisant de l’image un décor. Quant à Woody et Steina Vasulka, non contents d’innover dans le domaine de l’image animée, ils sont les fondateurs de la Kitchen à New York, célèbre centre d’expérimentation pour les arts électroniques dans les années 70. L’héritage est prestigieux et sera certainement un peu encombrant pour les quatre artistes (seulement), représentant une scène artistique tchèque plus contemporaine. Leur univers est peuplé de sons et d’images synthétiques, parcourant d’incessants allers-retours entre le spectateur et la technologie. La créature Mnemeg de Federico Diaz, un être composé de données récupérées sur le Web, nourrie d’ondes radio et plutôt encline à entrer en communication avec le public et une transposition du monde réel en musique mise au point par le jeune Tomas Dvorak donnent un avant-goût de cette génération techno. Dans une histoire de l’art plutôt empressée à célébrer les stars américaines et dominée par une pensée presque unique, il fait bon découvrir une autre scène artistique dynamique qui se plaît à transgresser le poétique grâce au technique.

- PARIS, Fondation EDF-espace Electra, 6, rue Récamier, tél. 01 53 63 23 45, 25 octobre-19 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°541 du 1 novembre 2002, avec le titre suivant : Le dynamisme de la scène artistique tchèque

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