Italie - Art ancien

Le Dominiquin romain

Le maître bolonais est doublement célébré à Rome

Par Francesca Romana Morelli · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1996 - 627 mots

Les principaux cycles de fresques auxquels le Dominiquin doit sa renommée se trouvent dans les environs de la capitale italienne. La première exposition monographique qui lui est consacrée se tiendra donc à Rome et non pas à Bologne, sa ville natale. D’autant que ces fresques ont depuis dix ans fait l’objet d’une grande campagne de restauration, parallèlement à celle de ses tableaux. De leur côté, les Musées capitolains montrent les travaux de l’entourage de l’artiste et de ses suiveurs.

ROME - Grand spécialiste et collectionneur de peinture bolonaise, Denis Mahon a été l’un des initiateurs de l’exposition sur le Dominiquin au Palazzo Venezia, aux côtés de son commissaire, Almamaria Tantillo Mignosi. Depuis les années cinquante, plusieurs expositions et études sur la peinture bolonaise ont attiré l’attention sur l’école des Carrache – dans l’atelier desquels le Dominiquin s’est formé – et sur le concept d’"idéal classique". "Toutefois, observe Almamaria Tantillo, la récente campagne de restauration a apporté une contribution fondamentale à la connaissance de l’artiste. Nous avons retracé son évolution pas à pas et avons vu apparaître un artiste qui pensait fondamentalement ses compositions en fonction de l’architecture environnante".

L’exposition rassemble une cinquantaine d’œuvres du Dominiquin, parmi lesquelles quelques chefs-d’œuvre comme la Chasse de Diane (Galerie Borghèse), le retable de S. Petronio (Palais Barberini) et trois fresques détachées de la Loggia del Giardino du Palais Farnèse à Rome, représentant Narcisse à la fontaine, Apollon et Hyacinthe, Vénus et Adonis.

Pureté du trait
Une section importante étudie sa contribution au "paysage classique", nouveau genre pictural inventé par Annibale Carrache, conçu tout à la fois comme "atmosphère de l’histoire" et "peinture d’histoire". Annibale Carrache considérait même le jeune bolonais comme son meilleur élève pour la réalisation de ce type de paysages, dont quelques exemples significatifs sont exposés : La fuite en Égypte et les deux Histoires d’Hercule prêtées par Le Louvre, Tobie et l’Ange (National Gallery, Londres), Paysage avec Saint Jérôme (Art Gallery, Glasgow), et un Paysage avec fleuve et barques prêté par Denis Mahon.

La sélection de dessins présentée au Palazzo Venezia illustre la grande pureté du trait du Domi­niquin, qui servit de référence à des générations d’artistes. Trente-six dessins proviennent de la riche collection du château de Windsor, et le Louvre a confié trois cartons préparatoires pour les fresques de Sainte Cécile (1612-1615) de l’église Saint-Louis-des-Français à Rome.

Face à Agostino Carrache
Des peintures d’Annibale et Agostino Carrache, Giovanni Lanfranco, Guido Reni, Francesco Albani et d’autres artistes qui ont été en relation avec le Dominiquin sont également exposées. La Dernière communion de saint Jérôme (1614, Pinacothèque du Vatican) par le Dominiquin et le même sujet peint auparavant par Agostino Carrache (Pinacothèque de Bologne) sont accrochés côte à côte : "Cette confrontation est fondamentale pour la compréhension du critère d’imitation caractérisant la pratique picturale du Dominiquin, qui a tendance à s’inspirer de compositions de grands maîtres. Le contraste est frappant entre la peinture d’Agostino Carrache, de type émilien, et la peinture du Dominiquin, absolument originale dans sa composition et dans sa palette. Poussin considérait d’ailleurs le tableau du Dominiquin comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’art", commente Almamaria Tantillo.

En complément, une exposition organisée par Denis Mahon aux Musées capitolins montre une trentaine de tableaux réalisés entre 1600 et 1620 par des pein­tres de paysages tels que Pietro Paolo Bonzi, Lucio Massari, Gio­vanni Battista Viola, Antonio Barba­longa, Andrea Camassei et Antonio Carrache. Sont également présentées deux toiles de l’abbaye de Montecassino traditionnellement attribuées au Domi­niquin, mais que Denis Mahon attribue à Bonzi.

LE DOMINIQUIN (1581-1641), 10 octobre-14 janvier, Palazzo Venezia, via del Plebiscito 118, Rome, tlj sauf lundi 9h-13h30, dimanche 9h-12h30, tél. 6-679 88 65.

LE DOMINIQUIN : COLLABORATEURS ET SUIVEURS, 7 novembre-12 janvier, Musei Capitolini, piazza del Campidoglio, Rome, tlj sauf lundi 9h-19h, tél. 6-671 020 71.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°29 du 1 octobre 1996, avec le titre suivant : Le Dominiquin romain

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