Spécial Covid-19

EXPOSITIONS

Le calendrier des expositions bousculé par la pandémie

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 16 septembre 2020 - 610 mots

Les dates de report d’une soixantaine d’expositions en France illustrent des situations très différentes, selon les contraintes propres à chaque institution.

France. Modifier la programmation après trois mois de fermeture est un véritable casse-tête pour les directeurs de musée. L’analyse des nouvelles dates concernant 60 expositions importantes qui devaient ouvrir en France après mars 2020 permet de dégager plusieurs situations. La première concerne les « chanceux » (relativement aux autres), ceux dont les expositions devaient ouvrir en mars et qui avaient reçu la grande majorité des œuvres, prêtées juste avant le confinement. Ceux-là ont pu inaugurer leur exposition lors du déconfinement, entre mai et juin. C’est le cas pour une quinzaine d’expositions, à l’instar de « Christo » au Centre Pompidou de « James Tissot » au Musée d’Orsay ou de « Pompéi » au Grand Palais [lire p. 17].

Deuxième situation : les musées qui ont préféré enjamber l’été et décaler leur exposition du printemps à l’automne. Ces expositions (une dizaine) ont pour point commun une ouverture initiale en avril ou mai, en plein confinement. Leur inauguration a été reportée en septembre (« Giorgio de Chirico. La peinture métaphysique » au Musée de l’Orangerie, « Cindy Sherman » à la Fondation Louis Vuitton, « Pharaon, Osiris et la momie » au Musée Granet à Aix-en-Provence, « Victor Brauner » ou « Hubert Duprat » au Musée d’art moderne de Paris) ou en octobre (« Les Olmèques » au Musée du quai Branly, « Matisse, comme un roman » au Centre Pompidou).

Naturellement, ce jeu de pousse-pousse a des conséquences sur les expositions programmées initialement à l’automne et au-delà. Le Musée des impressionnismes-Giverny a pu maintenir les dates de « L’atelier de la nature 1860-1910 » en septembre, au prix de « Plein air, de Corot à Manet » qui devait se tenir au printemps et a été purement et simplement annulée. Dix expositions prévues cet automne sont soit maintenues (« Tempête et naufrages » au Musée de la Vie romantique), soit décalées de quelques jours ou semaines (« Chagall, le passeur de lumière » au Centre Pompidou-Metz, « Olivier Debré » au Musée des beaux-arts de Tours, « Hyacinthe Rigaud ou le portrait Soleil » au château de Versailles), soit carrément repoussées d’un an (« Taharqa pharaon des deux terres » au Louvre).

Des expositions reportées sans date

Cinq expositions ont été reportées au printemps 2021. C’est le cas de « Femmes peintres 1780-1830 » au Musée du Luxembourg, des frères Flandrin au Musée des beaux-arts de Lyon ou de la très attendue exposition de la Collection Morozov à la Fondation Louis Vuitton, après l’énorme succès de l’exposition de la Collection Chtchoukine en 2016. Comme pour François Pinault qui a préféré reporter d’un an l’ouverture de la Bourse de commerce (en juin 2021), le retour à une situation sanitaire normale que laisse espérer la découverte d’un vaccin a sans doute joué dans la décision d’ajournement, compte tenu des enjeux respectifs.

Reste enfin le groupe des « malheureux » ou incertains, presque aussi nombreux que celui des « chanceux », avec les organisateurs qui ont dû annuler leur manifestation pour des problèmes sanitaires comme les Rencontres de la photographie d’Arles, ou leur exposition en raison de leur itinérance (« Pharaons superstars » au Mucem à Marseille). Plus nombreuses encore sont les expositions reportées sans date (« Le surréalisme dans l’art américain » au Centre de la Vieille Charité à Marseille, « Botticelli » à Jacquemart-André (Paris) ou « Georg Baselitz » au Centre Pompidou. Les prêteurs n’ont en effet pas toujours l’envie ni même la possibilité de renégocier les dates de prêt, d’autant que cela se joue maintenant à l’échelle mondiale.

Sans certitude aucune relativement à l’épidémie ni à la reprise des vols long-courrier, le calendrier international des expositions risque d’être perturbé pour de longues années encore. On observe cependant que la production d’expositions est repartie très vite, un signe encourageant dans cette crise qui n’en finit pas.

 

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°551 du 18 septembre 2020, avec le titre suivant : Le calendrier des expositions bousculé par la pandémie

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