Laurent Pariente : l’espace, le vide et la lumière

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 octobre 2006 - 382 mots

« Dans la vie des sculptures, un plan superficiel est un incident mais un plan profond, constructif, est une destinée. » Cette phrase de Rodin, Laurent Pariente pourrait la faire sienne. Tout son travail procède, en effet, de l’idée de faire d’une surface un espace, de passer de la bi à la tridimensionnalité en creusant ou en déployant la première pour la développer en relief ou en volume.
Apparue à la fin des années 1980, l’œuvre de Pariente, qui est né à Oran en 1962, vit et travaille à New York, s’est d’emblée située sur le terrain d’une démarche radicale et polymorphe. Si elle en appelle tant au dessin qu’à la peinture et à la sculpture qu’à l’architecture, c’est que l’artiste se refuse à privilégier un mode plus qu’un autre et que chacun sert son propos à sa manière. De ses premières plaques de zinc gravées aux constructions recouvertes de craie qu’il décline aujourd’hui, il s’agit d’une même et permanente relation du corps, à la surface et à l’espace.
S’il est attentif au lieu d’accueil et de réception de son travail, il ne cherche pas moins à le transformer du tout au tout pour mettre en cause nos habitudes perceptives. Ainsi fait au musée Bourdelle dans les quatre salles en enfilade des anciens ateliers situés au cœur des bâtiments. Pariente y développe un module géométrique basique qui se développe dans l’espace comme un seul et unique mur démultipliant l’espace sur le mode du labyrinthe.
L’absence de centre invite chaque visiteur à dessiner à sa guise son propre cheminement. C’est donc à un jeu de circulation et de points de vue que nous invite l’artiste, qui a disposé ici et là quatre œuvres du maître des lieux. Jamais peut-être ne nous ont-elles été montrées de façon aussi puissante dans la blancheur immaculée et vide de cet espace.
Les plaques gravées ainsi que les dessins à la mine de plomb que présente par ailleurs l’artiste montrent des surfaces d’une rare intensité graphique. Si la lumière y trouve là le lieu d’une profonde réflexion, l’urgence et la profusion du trait qu’ils affichent opèrent comme un écho magistral à la nudité aveuglante du travail sur l’espace.

« Laurent Pariente », musée Bourdelle, 16, rue Antoine Bourdelle, Paris XVe, tél. 01 40 26 77 94, jusqu’au 26 novembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°584 du 1 octobre 2006, avec le titre suivant : Laurent Pariente : l’espace, le vide et la lumière

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