L’Atelier de la Monnaie, un lieu pionnier et prospectif

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 20 décembre 2007 - 559 mots

Fondée par des étudiants à l’école des Beaux-Arts de Lille, l’Atelier de la Monnaie se proposait d’organiser chaque année une exposition sur la création contemporaine, du Pop au Body Art.

L’histoire de l’atelier de la Monnaie à Lille dans les années 1957-1972 est tout à la fois banale
et singulière. Elle procède de ces mouvements d’humeur qui déterminent toute nouvelle génération à s’inscrire dans le monde, à y trouver sa place et à en défendre ce qui fait sa spécificité. Ceux qui l’ont écrite et qui en ont été les animateurs étaient une poignée d’étudiants de l’école des Beaux-Arts, rebelles aux diktats de l’enseignement qui leur était prodigué.
Réunis en association dans l’ancien hôtel du gouverneur de la Monnaie, ils ont mis en œuvre quinze ans durant un programme d’expositions collectives, invitant artistes, critiques et poètes de tous bords, nationaux et internationaux. Dans un Hexagone artistique alors tout entier recroquevillé sur Paris, l’atelier de la Monnaie connut de vrais moments d’effervescence créative d’autant que la situation géographique de Lille, carrefour européen, contribua pour une part non négligeable au succès de l’entreprise.
1957-1972 : la période d’activité de l’Atelier de la Monnaie est riche en événements plastiques. Les avant-gardes sont nombreuses et se succèdent à un rythme soutenu : Pop Art, Nouveau Réalisme, Art minimal et conceptuel, Land Art, Arte Povera, Body Art, Figuration narrative, Supports-Surfaces... C’est le début d’une époque qui voit le champ de l’art prendre en compte de nouveaux critères et qui multiplie les remises en question sur la nature et la fonction de l’œuvre d’art. Dans ce contexte, l’Atelier de la Monnaie se situe davantage du côté d’une production artistique qui interroge le statut de l’image, la question de la mimesis, la place du corps à l’œuvre dans une réflexion globale des rapports de l’art et de la société.
La date de 1972 qui marque la fin de l’activité de l’Atelier de la Monnaie de Lille est intéressante à considérer au regard de la situation artistique en France à cette époque. Elle correspond en effet à celle de la fameuse exposition intitulée « 1960-1972 – 12 ans d’art contemporain en France » présentée au Grand Palais et dite « Exposition Pompidou ». Une telle simultanéité permet de mieux apprécier ce qu’il en a été du caractère pionnier de ce lieu atypique puisque, à considérer la liste des artistes qui figurent dans l’exposition parisienne, on y retrouve un grand nombre de ceux qui sont passés par Lille.
L’histoire n’est pas seulement injuste, elle est oublieuse. Il est donc toujours judicieux de bien la regarder à la loupe. Non pour la refaire, mais pour réévaluer l’engagement de ses acteurs. On découvre alors que le tissu dont elle est faite présente une trame bien plus complexe que ce que l’on croit. Certes, l’aventure de l’Atelier de la Monnaie de Lille n’a pas bousculé le cours de l’histoire de l’art contemporain – encore moins ses promoteurs –, mais elle a contribué à en faire circuler la sève.

Autour de l’exposition

Informations pratiques « L’Atelier de la Monnaie, Lille artistique 1957-1972 », jusqu’au 15 mars 2008. Commissariat”‰: Delphine Rousseau. Palais des Beaux-Arts de Lille, place de la République, Lille (59). Ouvert tous les jours sauf le mardi, le lundi de 14”‰h à 18”‰h et du mercredi au dimanche de 10”‰h à 18”‰h. Tarifs : 5”‰€ et 3,50”‰€. Tél. 03 20 06 78 00, www.pba-lille.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°598 du 1 janvier 2008, avec le titre suivant : L’Atelier de la Monnaie, un lieu pionnier et prospectif

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