L’art des Rouart

Grand industriel et inventeur, Henri Rouart (1833-1912) se montre également, dans la seconde moitié du XIXe siècle, un fervent défenseur de l’art de son temps et un peintre doué. Ami d’enfance de Degas, proche de Manet, Mallarmé, Debussy, cet élève de Corot est, avec sa famille, au cœur de l’effervescence artistique qui anime la fin du siècle. Rouart achète depuis la fin des années 1860 chez le père Martin des œuvres de Millet, Jongkind et Corot, et participe activement, aux côtés de Degas, à l’aventure des impressionnistes comme collectionneur et mécène, mais aussi en tant qu’artiste puisqu’il exposera six fois avec eux entre 1876 et 1886. Henri Rouart collectionneur s’intéresse en priorité à la peinture de ses contemporains, mais ne délaisse pas pour autant les maîtres anciens (Chardin, Fragonard, Vélasquez…) et affiche son goût pour la sculpture gréco-romaine, les statues égyptiennes ou les primitifs italiens. Dispersée aux enchères en 1912 lors de deux ventes historiques qui ont enrichi musées et collections particulières, sa collection reflète cet éclectisme. L’exposition du musée de la Vie romantique – conçue par Daniel Marchesseau et Solange Thierry – présente une centaine de peintures, de dessins et de sculptures ayant appartenu à Henri Rouart. Des œuvres significatives de Corot, Delacroix, Degas, Renoir ou Manet sont réunies, sans oublier celles de
sa propre famille, Ernest Rouart (son fils), Julie Manet (fille de Berthe Morisot et épouse d’Ernest) ou Augustin Rouart (petit-fils d’Henri), ainsi que des manuscrits inédits et des photographies de famille.