L’Arcadie batave de Nicolaes Berchem

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 26 juillet 2007 - 355 mots

 Italy or not Italy ? Le peintre hollandais Nicolaes Berchem (1621/1622-1683) ne se serait jamais rendu dans la péninsule. Pourtant, la lumière chaude qui illumine la plupart de ses paysages idylliques persuaderait du contraire. À ce jour, aucun document ne confirme l’hypothèse d’un séjour outre-mont du peintre nordique. On sait que vers 1650 il est occupé à dessiner les environs du château de Bentheim, en compagnie de son compatriote Jacob Van Ruisdael. La demeure seigneuriale occupe l’arrière-plan d’au moins deux paysages connus et d’influence italienne, exposés avec quatre-vingts autres chefs-d’œuvre de l’artiste à Zürich.
Maître du paysage, Berchem s’intéressa également à la figure humaine. C’est ce que montre l’exposition en présentant ses rares tableaux d’histoire biblique ou mythologique. Dans L’Éducation de Zeus (1648), œuvre de jeunesse, le peintre revendique d’emblée son attachement pour le grand genre. Mais son ambition est rapidement mise à mal par la concurrence locale. Berchem s’investit alors passionnément dans l’art du paysage italianisant. Sur les pas de Pieter Van Lear, rentré d’Italie en 1638, Berchem magnifie les bambochades de son aîné. Dans Le Gué du musée du Louvre, bergers et troupeaux suivent le cours d’eau paisible qui s’enfonce dans l’horizon montagneux.
Soleil levant, ou soleil couchant, Berchem peint une nature souriante. Les montagnes ne sont jamais trop hautes, ni accidentées. Les champs sont verdoyants et les arbres scintillants se reflètent dans une eau calme. Et in Arcadia ego, diront les amateurs de Nicolas Poussin. Mais Berchem, à la différence de son prédécesseur, n’idéalise pas la nature et ses occupants. Ici, point de déesses épiées par des satyres, mais des paysans inséparables de leurs bêtes. Dans l’admirable Paysage avec la ruine de Brederode (1650), ils font une halte, avant de repartir. Si la scène ne manque pas de vraisemblance, le cadre italianisant est, quant à lui, parfaitement imaginaire. La ruine « romaine » se situe, en réalité, dans les environs de Haarlem. Le peintre est coutumier de ces inventions pittoresques. « À la lumière du Sud », l’illusion est parfaite et le plaisir du spectateur bien réel.

« À la lumière du Sud », Kunsthaus de Zürich, (Suisse), tél. 41 (0)44 253 84 84, www.kunsthaus.ch, jusqu’au 19 août 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°591 du 1 mai 2007, avec le titre suivant : L’Arcadie batave de Nicolaes Berchem

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