Municipal Gallery, Athènes

L’ambitieux chemin de M. Economou

Du 6 mai au 6 octobre 2011

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 20 avril 2011 - 392 mots

En général, les nouveaux collectionneurs se spécialisent dans une école, une période bien précise, le plus souvent l’art contemporain.

George Economou, lui, voit les choses en grand et a décidé de constituer, au pas de charge, un ensemble qui s’étend du XVIe siècle jusqu’aux années 1980. L’homme est à la mesure de cette ambition. C’est un peu le Onassis d’aujourd’hui. D’origine grecque, il a fait fortune dans le transport maritime et figure à 58 ans dans le top 1 000 des plus riches de la planète. Il vit entre Athènes et New York où il s’est forgé un caractère bien trempé. Ce n’est pas un tendre, malgré une apparence décontractée.

Si fortuné soit-il, sa collection, qui s’accroît au rythme de 150 à 200 tableaux par an, est encore loin de la qualité muséale. Elle comprend de nombreux petits maîtres, et lorsqu’il y a de grands noms, ce sont souvent des œuvres de second ordre. Monsieur Economou penche très nettement vers la peinture figurative, surtout lorsqu’il y a des figures humaines, principalement des femmes, de préférence déshabillées. Peu d’œuvres abstraites, encore moins d’installations contemporaines, surtout pas de vidéo.

À part ces quelques manques, cet ensemble a néanmoins le mérite de présenter un panorama de l’histoire de l’art, notamment de l’art allemand et autrichien, surreprésenté dans la collection. C’est d’ailleurs pour cela qu’une partie des œuvres sont, pour la première fois, exposées en deux temps dans un musée municipal qui vient d’ouvrir à Athènes dans un quartier en réhabilitation. La capitale de la Grèce est pauvre en musées de beaux-arts, particulièrement d’art moderne et contemporain, et cette présentation temporaire vient combler un vide.

Pour autant, le tycoon américano-grec ne semble pas désireux de léguer à son pays d’origine une fondation comme le fit Antonis Benakis en son temps, créant le musée du même nom. S’il a installé l’administration de sa collection à Athènes, afin d’y gérer les nombreux prêts aux musées étrangers, il n’entend cependant pas privilégier la mère patrie. Il s’en défend en se revendiquant « citoyen du monde », et l’on pressent qu’il a plutôt envie de fonder son musée privé à New York. Mieux vaut être le deuxième à New York que le premier dans son village.

Voir

« La collection George Economou », 2e partie de l’exposition (XXe), Municipal Gallery, Athènes (Grèce), Metaxourgeio Building, du 6 mai au 6 octobre 2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°635 du 1 mai 2011, avec le titre suivant : L’ambitieux chemin de M. Economou

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